Françoise Hardy en dix titres essentiels
Décédée à l’âge de 80 ans, Françoise Hardy a marqué la chanson française. Illustration en dix titres essentiels
Tous les garçons et les filles (1962)
En 1962, Françoise Hardy a à peine 18 ans. Le 25 avril, elle rentre pour la première fois en studio. Elle y enregistre une reprise d’un titre américain, adapté par Jil et Jan, paroliers attitrés de Johnny Hallyday. Mais des quatre morceaux gravés ce jour-là, c’est Tous les garçons et les filles qui fait sensation. Loin des sauts de cabri des stars yéyé de l’époque, Françoise Hardy installe déjà la mélancolie amoureuse qui va constituer le fil rouge de sa carrière.
Mon amie la rose (1965)
Alors qu’elle fréquente le Petit conservatoire de Mireille, sorte de Star Ac de l’époque, Françoise Hardy entend une camarade, Cécile Caulier, chanter Mon amie la rose. Adaptation d’un boléro, le titre n’a pas été inspiré par le poème de Ronsard, mais par la mort, à 26 ans, de l’actrice Sylvia Lopez. Trois ans plus tard, alors que le morceau n’a jamais trouvé preneur, et que son directeur artistique n’est pas spécialement enthousiaste à l’idée de l’enregistrer, Françoise Hardy s’en empare. Et en fait l’un des titres les plus marquants de sa carrière.
Comment te dire adieu (1968)
Adaptation d’ It Hurts to Say Goodbye, chanson américaine signée Arnold Goland et Jack Gold, le titre est pris en main par Serge Gainsbourg. Sous les trompettes à la Burt Bacharach, il s’amuse à saturer son texte du phonème ex, donnant à la rupture amoureuse un côté quasi ludique. Le titre connaîtra en outre une nouvelle jeunesse en 1989, avec la reprise dance de Jimmy Somerville et June Miles Kingston.
La question (1971)
En 71, Françoise Hardy a le coup de foudre artistique pour Tuca, chanteuse brésilienne exilée à Paris. La rencontre va déboucher sur l’enregistrement d’un album entier, dont l’ampleur et la profondeur vont provoquer une rupture dans l’œuvre de Françoise Hardy. Boudé à l’époque par le public, le disque mélange la langueur de la bossa nova et de grandes orchestrations sophistiquées. Paru sans titre, il sera rebaptisé La question. Et deviendra l’un des albums culte de la chanteuse, qui marquera par exemple des chanteuses comme Suzanne Vega.
Message personnel (1973)
En 1973, l’album Message personnel est produit par Michel Berger. Hyperactif, le musicien est pris entre plusieurs projets, et en proie au chaos sentimental (quitté par Sanson, avant de tomber dans les bras de France Gall). Le travail n’est d’ailleurs pas simple – « C’est à partir de ma collaboration avec Michel Berger que je perdis le peu de confiance que j’avais en mes vagues talents de chanteuse », écrira Françoise Hardy. De cet album « inégal », ressort néanmoins le titre éponyme, sublime supplique amoureuse proposant l’une des intros parlées les plus célèbres de la chanson française – « Je suis seule à crever, et je sais où vous êtes »…
Occupé (1978)
Loin des ballades diaphanes, Françoise Hardy s’essaie au jazz-funk. Produite par Gabriel Yared, elle fait la rencontre de Michel Jonasz. Un fan de musiques noires qui va bousculer l’univers romantique habituelle de Françoise Hardy, lui faisant chanter des morceaux comme J’écoute de la musique saoule ou Occupé. L’interprète devra se faire violence pour rentrer dans le phrasé swing insinué par Jonasz. Comme dans ses texte déliés. Qui aurait cru par exemple entendre un jour Françoise Hardy chanter des mots comme : « Maudit soient ces fils PTT/Il téléphone à quelle pépée? ».
Que tu m’enterres (1980)
En 1980, Françoise Hardy continue de se faire bousculer par la paire Gabriel Yared-Michel Jonasz. La voilà embarquée dans un trip funk-jazz (Jazzy Retro Satanas) qui détone avec son image parfois raide. Dans un disque qui, jusque dans son titre (Gin Tonic) et sa pochette, fleure bon les années 80, Françoise Hardy réussit malgré tout à retomber sur ses pattes. Notamment avec la ballade crève-coeur Que tu m’enterres.
Partir quand même (1988)
Durant les années 80, Françoise Hardy fera un pas de côté, plus active dans son étude de l’astrologie que dans l’enregistrement de nouvelles chansons. En 1988, elle finit tout de même par sortir Décalages, présenté à l’époque comme son dernier. On y trouve ses premières collaborations avec Jean-Noël Chaléat et Etienne Daho – qui lui proposera même de chanter les Heures indoues, avant de la rapatrier sur son propre album. On y trouve également Partir quand même, une composition signée… Jacques Dutronc. « Dans un ultime effort/avant de dire Je t’aime/que le piège se referme/partir quand même », chante Françoise Hardy alors que le couple est au bord de la séparation.
Le danger (1996)
Alors qu’elle avait annoncé arrêter sa carrière, Françoise Hardy revient aux affaires. Deux ans plus tôt, son duo avec Blur l’avait déjà remise au centre de l’attention. Sortie du « purgatoire » chanson-variét’, elle retrouve même une certaine aura auprès du public branché rock. Enregistré en partir au studio ICP, à Bruxelles, Le danger bénéficie d’ailleurs de la contribution de Rodolphe Burger, du groupe Kat Onoma, dont les guitares confirment la patine de ce qui est souvent considéré comme l’album le plus rock de la discographie de Françoise Hardy
Le Large (2018)
Accumulant les problèmes de santé (un lymphome notamment), Françoise Hardy plie mais ne rompt pas. Elle sort son ultime album, Personne d’autre, en 2018. On y trouve notamment le Large, écrit par la Grande Sophie, et sur lequel elle chante notamment : « Et demain tout ira bien/tout sera loin/Là au final/quand je prendrai le large. »
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