Critique | Musique

Florence + The Machine, le big bazar de How Big, How Blue, How Beautiful

Florence + The Machine © Tom Beard
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

POP | Emportée par le tourbillon du succès, Florence Welch a dû mettre un pied à terre. Mais cela s’entend à peine sur sa nouvelle superproduction. Bombastic!

Sur la pochette de son nouvel album, Florence Welch a choisi un noir et blanc seventies. La sobriété de l’image tranche avec le portrait habituel de l’Anglaise: volontiers excentrique et grandiloquente. Il y aurait donc du changement dans l’air chez Florence + The Machine. Comme un léger déplacement des lignes pour relancer l’une des affaires les plus juteuses de la pop britannique actuelle, quatre longues années après la sortie de Ceremonials.

Rappel des faits. En 2009, Florence + The Machine publie Lungs. Porté par la voix théâtrale de Welch, ne lésinant pas sur la dramatisation, ce premier opus grouille de tubes (Kiss With a Fist, You’ve Got The Love), pop indie héroïque qui parvient à mêler questionnements intimes, poésie du désespoir et hardiesse toute féminine. Les grandes figures anglaises sont d’ailleurs régulièrement citées, de Kate Bush à Annie Lennox en passant par Sinéad O’Connor. Recherché, le succès se révélera malgré tout plus important que prévu, jusqu’au-delà de l’Atlantique: Lungs se vendra ainsi à quelque trois millions d’exemplaires. Se dépêchant de battre le fer tant qu’il est chaud, Ceremonials enchaînera deux ans plus tard, poussant le bouchon encore un peu plus loin. Plus baroque, plus extravagant, mais aussi paradoxalement plus cadré, le disque visait dorénavant la pop XXL, idéale pour les festivals et les stades.

Unn disque de rédemption

Florence + The Machine, le big bazar de How Big, How Blue, How Beautiful

De cette course folle au succès, Welch ne sortira évidemment pas indemne. Scénario bien connu d’une tournée sans fin, qui épuise les corps, les esprits et envoie valdinguer les relations amoureuses. Quand elle s’arrête pour prendre une année sabbatique, la jeune Anglaise (28 ans) se retrouve célibataire, l’alcool festif s’étant transformé en addiction de plus en plus compliquée à gérer. Il était donc temps de faire le ménage, de se poser et reprendre les choses à zéro. Présenté comme un disque de rédemption, How Big, How Blue, How Beautiful entend donc proposer de nouvelles intentions. Plus sobres et plus intimes. Pas forcément plus fragiles.

Ceux qui pensaient voir Florence Welch se transformer éventuellement en une chanteuse folk murmurante en seront évidemment pour leurs frais. Produit par Markus Dravs (responsable des virages pompiers d’Arcade Fire, Coldplay), le nouvel album est tout sauf un pas en arrière. A quelques rares exceptions (Storms & Saints, Long & Lost), et pas forcément les plus réussies, l’album avance ainsi au galop, adepte d’une dramaturgie maximaliste qui colle décidément à la peau de Welch. Tant pis pour les nuances et les subtilités, How Big, How Blue, How Beautiful a beau avoir laissé tomber les longues draperies, et les ambiances victoriennes, il s’agit plus que jamais d’une superproduction calibrée pour produire le maximum d’effets. C’est souvent réussi (le crescendo de cuivres sur How Big, How Blue, How Beautiful). Mais aussi par moments terriblement disproportionné, comme quand Welsh martèle le mot « wreeeeeeeeeck » ad nauseam, sur son dernier single (Shrip To Wreck). « Maybe I’ve always been more comfortable in chaos« , chante-t-elle encore sur St-Jude. Si c’est le cas, elle n’en laisse en tout cas rien paraître…

How Big, How Blue, How Beautiful , Florence + The Machine , DISTRIBUÉ PAR UNIVERSAL. EN CONCERT LE 25/06 À ROCK WERCHTER.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content