First Impulse, naissance d’un label

JAZZ | Il y a 50 ans, Creed Taylor créait Impulse!. Un coffret, contenant les 6 albums qui lancèrent le label, célèbre la naissance d’un des symboles de l’avant-garde du jazz dans les années 60…

Pour la première fois, des 33-tours de jazz sont présentés avec une pochette double, jusque-là réservée à la musique classique. Le verso, avec ses 3 couleurs, orange, noir et blanc, est frappé du slogan « The New Wave Of Jazz Is On Impulse! ». L’intérieur, enfin, comportera un texte et/ou des photos souvent de grand format. Pour autant, les premières productions du jeune label, créé au sein d’ABC-Paramount, une société multimédia, n’ont rien de bien révolutionnaire. Les 4 disques qui sortent ensemble en février 1961, après une campagne de pub soutenue, sont signés par Kai Winding et J.J. Johnson, 2 trombonistes (le premier blanc et cool, le second noir et bop) qui font équipe depuis 1954 (The Great Kai & J.J.), Ray Charles (Genius+Soul=Jazz), Kay Winding sans son acolyte (The Incredible Kai Winding Trombones), Gil Evans, génial arrangeur de Miles (Out Of The Cool).

Mais les conditions de production s’y révèlent, elles, inédites: temps de répétitions considérable, collaborateurs de premier ordre, orchestres au personnel pléthorique, prise de son de qualité… Surtout, à l’exception de Ray Charles qui n’y chante que sur 2 titres, ces artistes enregistrent à cette occasion le meilleur album de leur carrière. La Nouvelle Vague, pour sa part, devra attendre encore quelques mois avant de pointer timidement le nez avec Blues and The Abstract Truth d’Oliver Nelson, revisitant le blues afin d’en « étendre » la forme et, surtout, Africa/Brass de John Coltrane (dont le nom deviendra indissociable du label) pour le seul album du saxophoniste enregistré en big band. Pourtant, moins de 12 mois après le début de l’aventure, et sans que l’on en sache réellement la raison, Creed Taylor abandonnait son bébé pour rejoindre Verve. Impulse!, encore balbutiant mais lancé sur des bases aussi exceptionnelles, allait néanmoins, sous la houlette du nouveau producteur, Bob Thiele, et l’impulsion de Trane, donner naissance à une nouvelle génération de musiciens (Archie Shepp, Marion Brown, Pharoah Sanders) qui, rejointe ponctuellement par de plus anciens (Ornette Coleman, Charles Mingus, Sonny Rollins, Albert Ayler), allait se charger de changer radicalement « la forme du jazz à venir » (1).

Philippe Elhem

(1) THE SHAPE OF JAZZ TO COME, TITRE DE L’UN DES PLUS BEAUX ALBUMS D’ORNETTE.

First Impulse, The Creed Taylor Collection 50th Anniversary, distribué par Universal. *****

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content