Fifty Lab, vitrine sur le futur de la pop

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Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Du 16 au 18 novembre, le Fifty Lab propose de jeter une oreille à la musique de demain, avec un festival de trois jours, dégoupillant une soixantaine de concerts dans l’hypercentre de Bruxelles. Sélection

Question: qu’entend-on exactement par artiste “en développement”? Et, surtout, le terme veut-il encore dire quelque chose à un moment où la carrière d’un musicien semble dépendre toujours davantage d’un coup d’éclat sur TikTok que d’un développement sur la longueur? Autrement dit, un artiste peut toujours exploser. Mais a-t-il encore l’occasion d’“émerger”? D’autant plus quand même la vitrine offerte par le live, déjà bien secoué par deux ans de pandémie, bute sur de nouvelles difficultés -l’explosion des coûts, liée aux crises climatique, énergétique, politique, qui pousse même des groupes comme Animal Collective à annuler leur tournée européenne…

Au Fifty Lab, on continue pourtant d’y croire. Durant trois jours, à Bruxelles, le festival de showcases proposera un programme centré sur la découverte. Pour concocter son affiche (largement paritaire), il a à nouveau fait appel à une série de curateurs, festivals amis dont, notamment, le Sónar barcelonais, le Waking Life portugais, l’Astropolis français, ou encore l’équipe de la Moscow Music Week (qui, pour dénoncer la guerre en Ukraine, a rejoint les rangs du festival serbe Changeover Belgrade)… Du 16 au 18 novembre, une soixantaine de concerts sont ainsi prévus dans cinq lieux de l’hypercentre bruxellois. Entre rock garage et hyperpop, électro expérimentale et rap abrasif, voici une sélection des noms à ne pas louper.

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Ancienne Belgique

Un post-punk aux mélodies addictives chantées en italien: c’est la recette aussi simple qu’efficace des Bruxellois d’Ada Oda. À l’initiative du projet, on retrouve César Laloux (BRNS) et Victoria Barracato, qui ont profité du confinement pour goupiller les chansons de leur premier album, Un amore debole, dont on reparlera très prochainement.

Basées à New York, les six filles de Michelle -Sofia D’Angelo, Layla Ku, Julian Kaufman, Emma Lee, Charlie Kilgore et Jamee Lockard- ont le chic pour concocter une pop-r’n’b faussement légère. Comme une réincarnation soul de Luscious Jackson.

La scène indé helvétique ne manque jamais de ressources. Nouvel exemple avec le trio Omni Selassi -dont deux batteurs-, adepte d’un rock tordu, louchant ici et là vers le kraut.

L’archiduc

Signée sur le label 4AD, Hawa vient tout juste de sortir Hadja Bangoura. Soit un premier album sur lequel la chanteuse-rappeuse d’à peine 22 ans enfile quelque onze titres en moins de 20 minutes, miniatures surfant entre r’n’b, afro et électronica nébuleuse.

Vu notamment en première partie de Black Midi, le duo O. -Joe et Tash- n’a besoin que d’un saxophone et d’une batterie pour créer un groove aussi abrasif qu’aventureux.

Basée à Anvers, la multi-instrumentiste Dienne a sorti l’été dernier l’album Addio, en hommage à sa grand-mère décédée du Covid. Une fascinante ode ambient qui a trouvé refuge sur Other People, le label de Nicolas Jaar.

Brasserie surréaliste

Dans le renouveau actuel du jazz, la Belgique n’est pas en reste. Influencé par Christian Scott ou les Canadiens de BadBadNotGood, nourri au hip-hop, le Kau trio, formé par André Breidlid, Matteo Genovese et Jan Janzen présentera son nouvel EP.

Dernier venu de l’écurie Deewee des frères Dewaele, Mozes Mosuse, alias Movulango, fêtera au Fifty Lab la sortie de son premier EP, Mirror in Man, entre jam folk psychédélique et électronica bourdonnante.

Dans une scène rap britannique foisonnante, Jeshi est l’un de nos gros coups de cœur de 2022. Au printemps dernier, Jesse Greenway, de son vrai nom, sortait Universal Credit, premier album poignant, décrivant une jeunesse post-Brexit désenchantée.

Bonnefooi

C’est vrai qu’il y a du 070 Shake chez Spacebabymadcha, SBM pour les intimes. La rappeuse flamande a cependant prouvé qu’elle pouvait aussi s’aventurer vers des terrains plus proches de la trap, voire de l’hyperpop, jusqu’à susciter de l’intérêt à l’international.

Signé sur le label de Rebeka Warrior (Sexy Sushi), le projet Uzi Freyja rassemble Kelly Rose, chanteuse-dynamite originaire du Cameroun, et les producteurs nantais Stuntman5 et FotonDanger. Au programme du trio: beats concassés, lyrics sexy-punk et twerk échevelé.

Entre électronique cinématographique et “néo-classique”, Max Richter et Yann Tiersen, le duo Kowari, constitué par le violoniste Damien Chierici (Dan San) et le pianiste Louan Kempenaers (Piano Club) a le don pour créer de grands espaces musicaux, comme l’a prouvé leur premier album, Trail.

Beursschouwburg

Si l’Amérique latine a conquis la musique populaire, via le reggaeton, elle a aussi de plus en plus souvent contribué aux musiques électroniques plus expérimentales. La preuve avec Mabe Fratti, violoncelliste originaire du Guatemala, basée aujourd’hui au Mexique, qui vient de sortir un deuxième album passionnant.

Dom Maker, moitié du duo Mount Kimbie, expliquait récemment au Guardian que, pour lui, Liv.e était la prochaine Beyoncé”. À voir. En attendant, la jeune Texane peut déjà compter sur un solide premier album (neo)soul, quelque part entre Solange et Frank Ocean.

DJ-productrice-rappeuse de Bristol, Grove mélange attitude queer et énergie punk, vibes dancehall et secousses jungle. Décapant!

FIFTY LAB, DU 16 AU 18/11, BRUXELLES. WWW.FIFTYLAB.EU

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