Feu vert pour Paradise City

Le château de Ribaucourt
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Vendredi, le festival dance, qui dure encore tout le week-end, a démarré sous les meilleures auspices. Où la programmation électronique et l’escapisme de la piste de danse n’empêchent pas de porter certaines valeurs…

Ouf, le Paradise City peut être rassuré. Vendredi soir, ils étaient quelques 10 000 personnes – et le Prince Laurent – à avoir pris le direction du château de Ribaucourt, du côté de Perk, à 15 minutes de Bruxelles. Le festival électronique peut respirer. La pandémie n’aura en effet pas touché tout le monde de la même manière. Encore relativement jeune dans le paysage (il a été lancé en 2015), le Paradise City risquait gros, n’ayant pas forcément l’assise des grosses machines installées. C’est sans doute aussi pour cela qu’il a à chaque fois forcé le destin et réussit à organiser, malgré le virus, une édition en 2020 (sur le lac du château, à bord d’embarcations-bulles) et 2021 (en glissant vers le mois d’août).

Cette fois, il a pu reprendre toutefois le fil « normal » de son histoire. Qui est d’abord celle d’un joli succès. Des 4000 personnes espérées la première année, le Paradise City accueille donc aujourd’hui plus du double. Ce qui aurait pu aller à l’encontre de son motto écolo. Dès le départ, l’événement s’est en effet positionné comme un festival « vert » : comment croître tout en cherchant en permanence à diminuer son impact environnemental ? Et éviter que le « greener festival » ne devienne qu’un argument marketing creux ?

Sur le site en tout cas, la volonté de travailler le sujet est affichée partout. Dès l’arrivée, en longeant les douves du château, une série de panneaux expliquent que l’un des principaux coûts environnementaux tient aux déplacements. Et d’encourager la venue en transports en commun – pour la première fois, le festival propose des trains de nuit depuis la gare de Vilvorde (vers Bruxelles, Anvers et Gand). Plus loin, sur l’île qui accueille le coin restauration, les food trucks affichent à la fois les prix de chaque plat proposé, mais aussi leur coût carbone. Par ailleurs, aucun ne propose de viande. Le festival annonce lui-même que « 86 pc de l’énergie du site est renouvelable », dont 10 pc issu du solaire. On peut ainsi croiser un énorme panneau de 170m2, au milieu de trois autres installations plus modestes.

Cela ne fait pas du Paradise City un rendez-vous baba-hippie. A la limite, plutôt bobo-chic (même si l’on a maintenant bien compris que la bière 25 cl à 3,50 serait la norme à peu près partout…) Surtout, si la carte durable est jouée sincèrement, mise en avant à peu près partout, c’est la musique qui reste malgré tout au centre. Le festival propose ainsi pas moins de cinq scènes. Mais hormis la castle stage, un peu plus imposante, les autres jouent plutôt sur l’intimité, se rapprochant de la proximité d’un club. Quand on arrive sur l’Arena Stage, en fin d’après-midi, c’est par exemple Zouzibabe qui met le feu avec son mix de r’n’b et de house chatoyante. Le tempo est parfait pour démarrer la soirée, alors que le soleil se couche derrière le château : spectacle garanti, instagrammable à souhait. Partout, il y a du monde, mais la foule n’est jamais étouffante. Même sur la plus petite hidden stage, on ne danse jamais collé-serré. Réunis aux platines, Edward et Sonja Moonear y troussent un mix techno-house long en bouche, particulièrement goûtu. Autre B2B, du côté de la forest stage, planquée dans un sous-bois : la légende de la house-techno londonienne Jane Fitz échange avec John Talabot, pour concocter un groove techno qui bastonne.

Au passage, le binôme inédit symbolise bien un parti pris du festival. Sans jamais l’afficher ou le revendiquer, Paradise City propose en effet l’une des programmations les plus paritaires de l’été. Sous les beats électroniques, il y a donc bien des convictions et des valeurs – environnementales mais aussi sociétales. En fin de nuit, alors que le BPM se corse, c’est la techno de la Néerlandaise Ki/Ki qui mobilise la structure en échafaudage de la woods stage, tandis qu’un Bambounou rigolard fait trembler les peupliers de la forest stage. A un moment, on l’entend même glisser un bailando (oui, oui, la belgo-espagnolade de Paradisio sur le beat tribal. Le plaisir des choses simples…     

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