Rock Werchter: ce qu’on a pensé du concert de Muse

Muse sur la scène de Rock Werchter 2023 © ROB Walbers
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Gros riffs qui tachent, pompe pétaradante, mélodies pyrotechniques : en tête d’affiche de la journée de samedi à Rock Werchter, Muse n’a pas déçu. Ni surpris.

Samedi soir, sur la plaine de Werchter. Il est un peu passé minuit quart. Muse est à la moitié de son concert. Et le groupe a déjà balancé : flammes, fumigènes, serpentins géants, lasers, et light-show digne de la DCA d’une ville sous les bombes. Certes, le groupe anglais n’a jamais fait dans la demi-mesure. Placé en tête d’affiche de la journée de samedi, il a encore moins chipoté. Le show est rodé, la mission est claire : toujours tout droit.

A 23h30 pile, le trio, accompagné d’un clavier, arrive donc masqué pour entamer le très glam Will Of The People. Et d’envoyer une première giclée de guitares qui tachent. Matt Bellamy enchaîne ensuite directement avec le bien nommé Hysteria. Un des classiques de Muse, millésimé… 2003. Vingt ans donc, pour un groupe qui, en neuf albums, est devenu l’une des formations rock les plus populaires du circuit. Mais aussi un cas un peu à part. Muse a e effet mis au point son propre « business model », un rock lyrique qui n’a pas peur du pompeux et des grands effets.

Même quand il fait mine d’un peu s’éloigner de ses bases – les synthés quasi eurodance de Compliance -, c’est pour mieux balancer un gros riff metal derrière. A un moment, Matt Bellamy se pose derrière son clavier et se lance dans la Toccata et fugue en ré mineur de Bach. Même pas peur. Tout ça pour amener You Make Me Feel Like It’s Halloween, sorte de remix du Somebody’s Watching Me de Rockwell, qui aurait muté en space-rock emphatique. Gloups.  

Le peuple a (presque) toujours raison

Sur le fond, Muse reste également fidèle à son goût pour la dystopie. Là encore sans trop faire de détail. We Are Fucking Fucked, annonce Bellamy, tout sourire : « You really believe/We can survive all of this?”. La musique du groupe a beau sonner la charge, les barricades ne sont pas pour tout de suite. « We need a revolution », chante bien Muse sur Will Of The People. Mais en l’occurrence, si le peuple lève le poing, c’est plutôt pour mimer les coups de batterie de Dominic Howard ou se lancer dans un solo de air guitar, décortiquant chaque note des solis de Bellamy.

Ce samedi soir, à Werchter, la « volonté du peuple » est surtout d’avoir son lot de tubes rock clinquants et de guitares baveuses. On évoquait hier la subsistance du stadium rock. En l’occurrence, rares sont les groupes aussi bien taillés pour l’exercice que Muse. Certes, le band de Bellamy ne renouvelle rien. Mais, soyons de bon compte, dans le genre, il excelle toujours. Un événement aussi énorme que Rock Werchter en a d’ailleurs bien besoin. Cette année, Muse venait pour la 9e fois sur la plaine brabançonne – autant que Metallica et les Chemical Brothers. Pas sûr que cela soit la dernière.

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