Pukkelpop J3: les tops et les flops
Escapade thaï, cérémonie metal, rap flamand et dance punk queer… Le résumé de l’étape de samedi.
Le plus rital (et ils le restent): Ada Oda.
C’est pas tous les jours qu’il y a un groupe francophone belge (même s’il chante en italien) à l’affiche du Pukkelpop. Samedi après-midi, Victoria Barracato (la fille de Frédéric François) et Ada Oda ont donné au Club un parfum de vacances et des faux-airs de Sicile. Une Sicile qui aime la pop nerveuse et le post punk du soleil. Les mines sont enjouées. Les sourires toujours aux bords lèvres. Un concert enthousiaste qui donne à certains l’envie de sautiller comme des petits kangourous.
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Le plus flamand: Kleine Crack & Slagter
Si le rap francophone belge continue d’avoir la cote, le hip hop flamand va bien aussi. Merci pour lui. Et il ne faut pas juste se tourner vers ce bon vieux et tonitruant Zwangere Guy. Flanqué de Slagter, un producteur qui aime les beats et les synthés minimalistes, Kleine Crack est le seul artiste belge signé sur le label amstellodamois Burning Fik. Lenny Gerard (c’est son vrai nom) et son acolyte sont membres du collectif anversois VHS. VHS pour Vampieren Heksen Spoken. Et ils sont l’avenir du rap belge. Une solide prestation qui incarne la montée en puissance du vlaamse hip hop. Reprise de Samson en Gert (la série pour enfants avec un chien qui parle) et clin d’œil à maman pour sa visite en prime.
Le plus fin du monde: Model/Actriz
Formé à Boston, dans la Massachusetts, Model/Actriz est un groupe de dance punk queer et bruitiste. Un projet furieux pour site industriel abandonné. Une musique de fête pour célébrer la fin du monde. T’aimes Gilla Band, les Liars, Nine Inch Nails et Chk Chk Chk? Ce groupe désormais basé à Brooklyn est carrément fait pour toi. Ça parle de sexualité déviante, de marchandisation du corps et de débauche épidémique.
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Le plus lourd: Amenra
Au mois de mars prochain, oui oui de mars (faut être prévoyant de nos jours), Amenra remplira trois fois l’Ancienne Belgique consécutivement. Le groupe de doom, post metal, post hardcore, post rock (biffez les mentions inutiles) courtraisien s’est forgé une solide réputation qui s’étend par-delà nos frontières. Ses rituels l’ont emmené jusqu’à Saint Pétersbourg et Rio De Janeiro. Le projet emmené par Colin H. Van Eeckhout s’est même frayé un chemin l’an dernier jusqu’au Primavera. Temple mélomane du cool et des musiques indépendantes. Célèbre pour l’intensité de ses performances, puissantes, captivantes, hypnotiques et carrément physiques, Amenra évoque la naissance et la mort. La lumière et les ténèbres. La douleur et le sacrifice. Un live d’Amenra, ce n’est pas un concert, c’est une célébration. Une séance d’exorcisme. Une thérapie primale. Une libération violente mais apaisante du corps et de l’esprit. Le genre d’événement qui laisse des traces sur vos cervicales. Enoooorme.
Le plus émotif: Killer Mike
Un DJ, cinq choristes (quatre filles, un mec). La formule est peu commune. C’est que Killer Mike n’est pas un rappeur tout à fait comme les autres. Le natif d’Adamsville (Géorgie) qui a effectué ses débuts dans la musique sur un morceau d’OutKast est le genre de mec qui remporte trois Grammy Awards et se fait le même soir arrêter par les flics pour une altercation physique. Mais Killer Mike, c’est aussi un grand tendre qui rend hommage à sa mère et sa grand-mère. Sort les photos de famille et célèbre les femmes de sa vie. L’une l’a eu à seize ans. L’autre l’a élevé. L’occasion de convier l’histoire biblique et de raconter le roi Salomon. Heureusement, Killer Mike n’a pas été coupé en deux (quoi que vu la taille du bébé, il y en aurait eu pour tout le monde). Il fait aussi la pub de son restaurant de fruits de mer et dit à qui s’adresser pour avoir la meilleur beuh du quartier. Un tueur…
Le plus voyageur: Yin Yin
Si la scène post punk néerlandaise a le vent en poupe, nos voisins bataves sont aussi passés maitres dans l’art de nous faire danser avec des mélodies du lointain et de la musique de l’ailleurs. Après Altin Gün et le Mauskovic Dance Band, c’est au tour de Yin Yin de mettre du soleil dans vos tympans et du groove dans vos vies. D’une efficacité redoutable, le groupe de Maastricht est une agence de voyage du dancefloor. Avec une prédilection et un indéniable béguin pour l’Asie. Les rythmes thai et vietnamiens des années 60 et 70. Le Japon et ses gammes pentatoniques. Vibe rétro, funk psychédélique globalisé, guitares western, disco à la Moroder… Yin Yin fait de la musique pour les bourlingueurs. Irrésistible.
Le plus putassier: Confidence Man
On avait gardé un souvenir amusé de Confidence Man au Pukkelpop. C’était en 2018. Barbie et Ken faisaient de l’aérobic façon Véronique et Davina et des poses suggestives qui auraient plu à Marc Dorcel sur une musique de kermesse quelque part entre CSS et Aqua. A l’époque, on avait trouvé ça plutôt rigolo mais si Confidence Man est une blague, elle ne fait déjà plus rire. Les plus courtes sont les meilleures.
Le plus nauséabond: le Vlaams Belang
Aux Jeux olympiques, on ne pouvait pas sortir en toutes circonstances le drapeau palestinien, mais à Hasselt, on n’hésite pas affréter un avion pour trainer dans les cieux l’étendard pourri du Vlaams Belang au-dessus d’un des plus gros festivals du pays. Le programme du parti d’extrême droite colle peu aux valeurs de l’événement monté par Chokri Mahassine mais il n’y a pas de petite récup.
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