Pukkelpop J2: les tops et les flops 

L'ouverture de Pukkelpop. (Photo by JILL DELSAUX/BELGA MAG/AFP via Getty Images)
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Papys du rap anglais, psychédélisme français, soul squette braguette et mariée ensanglantée… Le point sur la deuxième journée. 

Le plus torride: Thee Sacred Souls 

Orpheline de Sharon Jones et de Charles Bradley, Daptone Records, la seule, l’unique House of soul du XXIe siècle a dû se mettre en quête de nouveaux talents. Pour ce faire et pour accompagner la construction d’un nouveau studio d’enregistrement à Riverside, Bosco Mann a fondé en Californie le sous-label Penrose Records et signé Thee Sacred Souls. Le groupe de San Diego perpétue avec brio l’héritage Daptone et entretient la flamme d’une musique sensuelle et sexy qui connaît son Al Green et son Marvin Gaye. 

Le plus sanguinolent : Backxwash 

La mariée était en blanc. En rouge un peu aussi. Rappeuse zambienne installée à Montréal, Backxwash, alias Ashanti Mutinta, a la robe maculée de sang et le flow inquiétant. Elevée dans une famille religieuse, Backxwash fait de l’horrorcore. Ce genre qui aime le rap hardcore et les films d’horreur. The Notorious BIG et Freddy Krueger… Il y a du clipping. Et du Death Grips dans l’univers de cette furie transgenre. Mutinta, plus spirituelle, perçoit Backxwash comme un alter ego enragé, autodestructeur, revendicateur et pourfendeur. Explore les thèmes de la religion, de la sorcellerie et de la quête d’identité. Le début d’un processus de guérison cathartique dans lequel elle s’autorise à être en colère. Tout un programme et pour nous le concert de la journée. 

Backxwash, image : Anneke D’Hollander

Le plus immersif: Lander & Adriaan 

Quand le batteur de STUFF, Lander Gyselinck (Beraadgeslagen, LABtrio), s’amuse avec le claviériste et bidouiller Adriaan Van De Velde (Pomrad, Mauro Pawlowski, J. Bernardt), cela donne Lander & Adriaan. Une machine à danser qui en pince pour les synthés numériques et les genres underground des années 90. La techno de Detroit, la ghetto house de Chicago et la musique de rave. Au milieu du public, dans un Club surchauffé, le tandem a mis des fourmis dans les jambes dès le début de la journée. Keta jazz, gabber wave, neurodance, nu-step… Lander et Adriaan s’amusent des étiquettes. Leur nouvel EP est sorti le 6 avril sur Marcel Records.  

Le plus lessivé: The Streets 

Il a un peu pris cher Mike Skinner. Il se fait certes accompagner d’un groupe (contrairement à 95% du rap actuel) et y met toujours autant de bonne volonté mais le rappeur de Birmingham qui a secoué et révolutionné le hip hop anglais au début du siècle n’est créativement plus que l’ombre de lui-même et ça fait un bout de temps que ça dure. Incapable d’écrire de nouvelles chansons, Mike Skinner avait même disparu des radars. Il s’était mis en tête d’écrire un film tout en continuant à être DJ dans les clubs et à jouer les producteurs. Le polar qui se déroule dans la scène anglaise a fini par voir le jour et The Streets a sorti l’an dernier son premier album depuis 2011… Autant se réécouter Original Pirate Material.  

Le moins délicat : Dizzee Rascal 

The Streets ou Dizzee Rascal? Programmés à la même heure, Skinner et Mills se sont un peu tiré la bourre vendredi soir. Et à l’applaudimètre, la légende du grime, ce genre (ça veut dire raclure en anglais) qui ne fait pas dans la finesse ayant émergé au début des années 2000 dans le sud de Londres sur les cendres de la scène UK Garage, a clairement défoncé l’éternel ovni du rap anglais. Passage en force. Dizzee a retourné le dance hall. Bonkers… 

Le plus injustement snobé: Slift 

Les yeux rivés sur Paris, on a tous vu défiler le tableau des médailles alternatives. Le classement des breloques aux Jeux olympiques par nombre d’habitants. Au Pukkelpop, le meilleur concert par spectateur est assurément à mettre au palmarès de Slift. De un parce qu’il n’y avait pas un chat. De deux parce que les Français ont comme d’habitude livré une prestation surpuissante. Un concert au psychédélisme lourd et aux guitares sauvages qui va bien avec ses visuels hallucinogènes. L’or sinon rien…  

Le plus malheureux: The Kills  

Une bonne place en festival, ce n’est pas qu’une bonne heure et un bon spot. Ça se juge aussi à la concurrence. Pas de chance pour les Kills. Hotel et VV se produisaient vendredi à Hasselt en même temps que le phénomène Fred Again. Le Britannique qui a vendu 100.000 tickets en quatre secondes et fait grimper la liste d’attente à plus de 1,5 million de spectateurs désespérés ne leur a laissé que des miettes. Mais Alison Mosshart et Jamie Hince ne s’en sont pas laissés compter. Et ont comme d’habitude assuré avec leur rock fiévreux et leur boîte à rythme.  

Le plus malhonnête: la bière  

Servir des pintes, c’est un métier. Et on a beau être en festival, en mode production massive, il y a quand même un service minimum à assurer. Franchement. Les bières remplies aux deux tiers à 3 euros 50, ça fait un peu mal au cul. Sur ce coup-là, on verra toujours le verre à moitié vide plutôt qu’à moitié plein.  

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