Le concert du samedi : Odezenne

© Olivier Donnet
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

En début de soirée, le groupe bordelais a mis une bonne claque, entre mélancolie sublimée et hymnes pop fraternels.

Samedi, c’était la 4e fois qu’Odezenne se produisait sur la plaine de Dour. Et forcément une histoire s’est créée. C’est d’ailleurs aussi à cela que l’on reconnaît un festival : à sa manière de poursuivre une ligne qui, sans s’empêcher d’évoluer, continue de cultiver des fidélités. Par exemple avec des groupes qui partagent certaines valeurs – d’indépendance, d’éclectisme musical, etc. De fait, Odezenne est chez lui à Dour, avec sa pop alternative piquée de fulgurances poétiques, tantôt bancales, tantôt déchirantes (parce que bancales). On en a encore eu la preuve dans la Petite maison de la prairie, sur le coup de 21h. Peut-être encore plus qu’à l’Ancienne Belgique, au printemps dernier, Alix, Jaco et Mattia (rejoints en concert par Stefano à la batterie) ont fait communion avec leur public. Pardon pour le cliché. Mais le fait est là : dès le premier morceau, Au Baccara, ballade de fin de nuit, introduite par des synthés scintillants, on comprend que le moment sera spécial.

Il faut dire que le groupe n’a qu’une heure et va droit au but, avec Caprice d’abord, puis en enchaînant GéraniumHardcore et Nucléaire, autant de tubes portant fièrement leur mélancolie en bandoulière. On ne parle pas ici d’efficacité, mais d’intensité. Par exemple quand Alix, particulièrement habité, s’empare du texte de Pablo, et le recrache avec une rage qui semble venir du plus profond de ses tripes. Frissons. Plus tard, c’est à Jaco de se lancer dans l’hymne désenchanté Souffle le vent. Faut le voir, se planter devant le micro, gonflant sa poitrine, conscient probablement que les mots qu’il s’apprête à chanter, aussi simples soient-ils, contiennent la possibilité de bouleverser certaines existences, ou même simplement les décaler un peu. On s’emballe ? De toutes façons, Odezenne ne parle pas qu’au cœur mais aussi au bassin. Il y a d’abord Bouche à lèvres et ses rimes en –ines (« Le goût amer de ta cyprine, mes babines, mes babines ») , puis l’oldie explicite Je veux te baiser (« Dour, on n’a jamais entendu un public chanter aussi bien ce morceau ! », assure Alix). Odezenne en remet encore une couche, passant en mode électro dark sur Bonnie, virant même vers la transe avec Bébé. Il reste encore Vodka pour arroser un concert et un groupe en état de grâce, puis, en toute fin, Matin : « Dans les yeux, dans les deux/Y a la vie, mon ami, faute de mieux ». Samedi en tout cas, le temps d’un concert, elle a pris des couleurs plus tranchées.

Odezenne à Dour, par Olivier Donnet

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