Dour: Soulwax, les fous du labo

© Olivier Donnet
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Vendredi soir, pour leur grand retour à Dour, Soulwax et ses trois batteurs ont abattu un groove, kraut et ludique. Idéal pour danser avec la tête et les jambes.

C’est un peu fou, dit comme ça, mais vendredi soir, c’était seulement la seconde fois que Soulwax posait ses amplis à Dour. Bien sûr, depuis leur premier passage en 96, les frères Dewaele sont revenus plus d’une fois mixer. Mais à chaque fois, ils venaient juste à deux, plus jamais sous le format « groupe ». En fait, mercredi encore, la fratrie gantoise s’agitait derrière les platines du Kiosk Radio, au Rockamadour, petite bulle cosy planquée au centre de la plaine du festival, avant d’enchaîner au Labo d’à côté, en compagnie des potes de leur label Deewee.

Ce vendredi, ils étaient donc de retour, mais cette fois, sous l’étiquette Soulwax. Et non plus en loucedé dans le Labo, mais bien en tête d’affiche de la Last Arena. Quoique. Du laboratoire, on n’en était jamais complètement éloigné vendredi soir. La musique de ce qui a démarré comme un groupe rock, quasi stoner, a en effet considérablemnt évolué, pour devenir aujourd’hui une sorte de navire électro-dance déviant. Sur les bases de From Deewee, sorti l’an dernier (le premier de Soulwax depuis 2004), le groupe a donc débarqué entre les éoliennes dans sa formation 2.0. Soit Stephen et David Dewaele derrières les synthés analogiques, Stefaan Van Leuven à la basse – seul rescapé du line-up originel -, et pas moins de trois batteurs – Victoria Smith, Blake Davies et Igor Cavalera -, la femme de ce dernier, Laima Leyton, complétant aux voix et claviers. Sur scène, tout le monde est habillé en blanc, chacun coincé derrière son instrument: autant de pièces d’un grand engrenage rythmique assez imparable.

Chez les frères Dewaele, même quand il n’y a pas de projections ou de grands effets spéciaux, tout reste encore visuel. Ainsi le tableau offert par le groupe, où chacun des batteurs est installé dans un cube métallique. Ils en sont les points d’accroches visuels, et sonores – qu’ils frappent tous les trois le même rythme (comme quand ils descendent les rapides d’Is It Always Binary), ou qu’ils se le répartissent (comme pendant la version déglinguée de NY Excuse). Porté par un light-show d’une précision assez bluffante, Soulwax évolue en outre dans un noir et blanc hyperstylisé, un peu à la Kubrick. Ce qui peut donner un côté volontiers clinique, presque froid, à l’ensemble: des savants fous penchés sur leurs drôles de machines. Analogique, la matière sonore ne cesse cependant de muter en direct. Car plus qu’un concert, c’est un long remix qu’a livré le groupe. Une vision alternative de leur parcours, à laquelle viennent se greffer toutes leurs influences – qu’ils citent Moroder, Daft Punk, Kraftwerk, Telex ou encore Bowie. L’aspect performance du concert aurait pu l’anesthésier. Au lieu de ça, Soulwax a montré qu’il était possible de chercher en dansant, de tenter en s’amusant (second degré compris), prouvant que « toutes les excuses » étaient bonnes pour tester et expérimenter. Un peu à l’image de leur totem, une tête artificielle – comme celle utilisée pour les captations stéréophoniques -, qui se transforme à la fin du set en véritable boule à facettes.

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