Dour J2: Du côté hip hop de la force

Young Fathers © Olivier Donnet
Michi-Hiro Tamaï Journaliste multimédia

La vie est une question de priorité. Dour et son affiche criblée de choix déchirants aussi. Explications, sous le soleil du rap et du dance floor avec Young Fathers, Underachievers, KRS-One et Mark Ronson.

Au début, il y a le flyer de festival. Celui qui balance un line up imparable pour appâter le chaland, au printemps. Puis tombe l’été. Sa réalité. Celle où se fixent les heures exactes de passage des groupes. Ce 27ème Dour n’y coupe pas. Résultat pour le festivalier : des versus crève-coeur qui obligeront de choisir ce vendredi entre Cannibal Hoax et Deerhoof. De trancher ensuite, dimanche, entre Lauren Hill et Moon Duo. Face à Lee Fields, trésor caché de la soul 60’s, Young Fathers ne manquait, lui, pas d’arguments ce jeudi.

Traînant une bonne réputation scénique, le trio écossais hip hop à majorité noire (deux gars viennent du Libe?ria et du Nige?ria) s’imposait comme une étape incontournable. Le genre qui claque et obscurcit la voie tracée par TV on the Radio, leur cousins. La formation gueularde (on pense à WU LYF) coiffée d’un Mercury Prize en 2014 n’emporte pourtant pas l’adhésion du public sur les planches de la Petite Maison dans la Prairie. Furieuse et possédée sur scène, la triplette qui a déjà sorti deux EP’s bataille malheureusement dans un mix sonore trop haut perché dans les aigus. Des voies tonitruantes, presque irritantes s’étirent sur des beats de baston. Des passages RnB aussi, plus langoureux, ne sauvent pas les meubles. La fin de prestation de ces daddy plutôt cool se présente heureusement sous de meilleures augures. Un a capella à trois pour boucler le concert. Sans oublier, Shame leur single sanguinolent. Avant leurs adieux, Young Fathers remet tout le monde d’accord.

Underachievers en première classe

Souvent partagé entre deux choix, le festivalier subissait également une crise de conscience en forme de triangle infernal ce jeudi. Moment rap indispensable de Dour l’année dernière, les Underachievers l’emportent ainsi sur Omar Souleyman et A Place to Bury Strangers, pourtant remarquables. Le duo de Flatbush, quartier central de Brooklyn assure sa montée en grade. De la modeste Boombox de 2014 à la géante Last Arena cette année, le quatuor emmené par des flows irascibles dresse une forêt de bras sur la plaine de Dour. La setlist est clairement adaptée au grand format du jour. Plus agressive, moins progressive dans le rythme. Exit les pianos mélancoliques de son dernier passage dourois. Aux oubliettes la finesse. Le ton est inquisiteur. Le trap qui contaminait Lords of Flatbush en 2013 (une mixtape essentielle), transpire sur la fin de leur prestation. Esprit dancefloor quand tu nous tiens…

L’effet clubbing de la Last Arena se confirmait d’ailleurs avec Mark Ronson vers 23h. Passé maître dans l’art du refrain imparable (Somebody to Love), ce producteur touche à tout qui guidait récemment Underneath the Rainbow des Black Lips y officiait tout sourire. Des tubes en cascades parmi lesquels un petit No Digitty des familles. Et bien entendu Uptown Funk, son dernier single tubesque castant Bruno Mars. L’affaire était promptement emballée. Une ambiance festive donc mais pas aussi barrée que celle que KRS-One distillait au même moment, sous la tente de la Boom Box.

Figure hip hop hardcore clef des années 80, Kris Parker de son vrai nom n’a rien perdu de sa rage politique. Stupeur et emballement : le public qui a envahi sa scène refuse de descendre. « On ne pourra pas continuer le concert comme ça ». Malgré l’avertissement, le siège dure près de dix minutes au bout desquelles la prestation reprend de plus belle sur les sirènes de Sound of da Police. Reprises en coeur par les festivaliers, ces dernières résonnaient étrangement face aux saisies de drogues spectaculaires qu’une cinquantaine de policiers effectuait plus tôt dans la journée. Les Underachievers recevaient, eux, une réponse très positive lorsqu’il demandait à son public s’il appréciait l’herbe. Et le flyer devint carton à Dour qui n’est plus à un paradoxe près…

>> Retouvez toutes les photos du 2e jour de Dour 2015, par Olivier Donnet.

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