Critique | Musique

Depeche Mode – Delta Machine

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Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

ÉLECTRO | Depeche Mode sort Delta Machine, un album qui, même sans fulgurances, ne dépareille pas dans la discographie des vétérans de la pop synthétique.

DEPECHE MODE, DELTA MACHINE, DISTRIBUÉ PAR SONY. ***

EN CONCERT LE 07/07 À ROCK WERCHTER.

Ne serait-ce que par sa longueur, il y a forcément à dire sur une carrière comme celle de Depeche Mode. Trente ans que ça dure, avec plus d’une douzaine d’albums à se mettre sous la dent. Dont peu de ratés. C’est le premier constat: là où nombre de ses camarades de promo se sont à un moment ou l’autre vautrés dans le banal, voire la répétition, Depeche Mode a jusqu’ici évité le disque de trop. Sans réussir à passionner à chaque fois, certes. Mais en ne donnant jamais l’impression de brasser du vent. L’une des raisons à cela n’est certainement pas très glamour: cela fait longtemps que les membres du groupe ont cessé d’être liés par des relations d’amitié. Le succès a laissé des traces: tensions, vexations, problèmes de drogue… Du coup, s’ils se retrouvent aujourd’hui, la motivation ne peut qu’être d’abord et avant tout « professionnelle »: comment réaliser un énième album de Depeche Mode qui vaille la peine? Est-il encore possible de reformuler l’équation, de lui donner une nouvelle pertinence?

Avant même sa sortie, Delta Machine a pu donner des indices d’un éventuel renouvellement de la matrice. L’un d’eux n’était pas mince: fin 2012, Depeche Mode annonçait avoir signé un deal avec Columbia, quittant le giron historique de Mute, le label qui les avait vus naître et leur avait permis de tracer une voie à la fois personnelle et commerciale. Dans les faits, la rupture est cependant moins brutale que prévue. Par on ne sait quelle astuce, le logo de Mute est toujours affiché sur le CD de Delta Machine, et Daniel Miller, patron de l’écurie anglaise, reste crédité en tant que directeur artistique.

Quête sonique

Le 13e album de Depeche Mode est donc tout sauf une révolution. Au niveau des thèmes principalement, Martin Gore continue de creuser les mêmes sujets et le même vocabulaire religieux, encore et encore. En gros, foi, rédemption et spiritualité. La simple lecture des titres suffit pour s’en convaincre: Angel, Heaven, Soothe My Soul… En outre, c’est assez cohérent avec le programme de Delta Machine: proposer une version électronique du blues originel du Delta. C’est évident sur un titre comme Slow, titre languide dont la moiteur est électrisée par un riff de guitare qui sonne comme du John Lee Hooker. Avec Violator (carton de 1990), Depeche Mode avait déjà montré qu’il y avait moyen d’intégrer des guitares dans la pop synthétique. Il le prouve une nouvelle fois ici, répétant l’exercice en fin de disque avec Goodbye et ses accords de blues du désert.

DM pioche ainsi dans son passé quelques anciennes tactiques. C’est de bonne guerre, surtout quand cela permet Broken, qui rappellera les meilleures heures de Music for the Masses (1987). Cela n’empêche pas le groupe de continuer sa quête sonique par ailleurs. Le chant des machines version Depeche Mode reste toujours quelque chose de fascinant à écouter et analyser. Sombre certes, et pour le coup éreintant sur la longueur. Mais encore capable de donner des morceaux aussi denses qu’Alone ou étranges que My Little Universe, ballade techno métallique. Pas encore demain que Depeche Mode va baisser la garde…

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