De La Carrière à Ronquières

La Femme © Etienne tordoir
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Bioul, sa taille humaine, son site rocheux et arboré. Ronquières, ses 20.000 personnes et son plan incliné. De Lewsberg à La Femme en passant par Les Hommes-Boites et les Juliens, retour sur le week-end festivalier.

Tout doucement, les activités culturelles reprennent leur cours. Trop longtemps plongé dans un coma artificiel, le spectacle vivant… revit. Après le Micro Festival à Liège le premier week-end d’août, c’était à La Carrière et à Ronquières de renouer samedi avec les joies de la musique et du public. 400 et quelques personnes à Bioul, dans un décor plutôt magique, une ancienne carrière aménagée pour accueillir mariages, anniversaires et communions dans une petite vallée d’Ardennes. 20.000 visiteurs à Ronquières samedi (18.000 dimanche, le jour où on s’y est promené) pour une affiche tirée par Roméo Elvis et Maneskin, les vainqueurs italiens de l’Eurovision au pied de l’ascenseur à bateaux…

Deux festivals aux ambiances et aux approches fondamentalement différentes. Mais de part et d’autre, un bilan ultra positif et le plaisir, la joie même, d’avoir retrouvé ses potes, sa passion, son métier. Petit ou gros, indé ou grand public… Il en fallait du courage, de la volonté, de l’abnégation, de l’optimisme pour monter un événement cet été. Certains comme le Pukkelpop s’y sont d’ailleurs cassé les dents.

Produits régionaux, consommation locale. A l’exception des Hollandais de Lewsberg, un Velvet Underground ou à tout le moins un Lou Reed de Rotterdam (sans batteur pour l’occasion), et du DJ allemand Vectralkoerper, programmateur, peintre et collectionneur/réparateur de matériel et d’instrument vintage, La Carrière a fait du Belge. De la découverte avec Pega, trio post punk/no wave qui a du Riot grrrl dans les veines et du Lizzy Mercier Descloux dans ses chansons secouées et turbulentes ou encore le rock psychédélique flamand des Gantois de Leopard Skull.

Des têtes plus connues comme celles des expatriés français Françoiz Breut et américain McCloud Zicmuse (The Lover Be) ou celle de l’extra-terrestre Carl Roosens (Les Hommes-Boîtes) qui joue de la flûte dans le public, marche à pieds nus sur les cailloux et reprend Le Chanteur de Daniel Balavoine. Barré? Un peu. Le festival namurois se permet toutes les excentricités. Comme inviter les Juliens. Supergroupe (Gregory Joncret, Aurélie Muller, Catherine De Biasio…) qui remet un peu de punch et fait souffler un vent de fraîcheur sur les morceaux de qui vous savez. Si on chantait, Ce n’est rien… Du vert, des pierres et des bières. Put your hands in the air pour Julien Clerc.

Masque jusqu’à la porte d’entrée, présentation du certificat de vaccination (ou autre attestation officielle garanti sans covid) et même ouverture du paquet de clopes par le service de sécurité (certains ne perdent pas leurs mauvaises habitudes)… Dimanche, à Ronquières, l’accès est forcément plus contrôlé mais sur le site, c’est comme s’il n’y avait jamais eu de virus. 18.000 festivaliers sans masque ou mesure de distanciation. La vie normale, comme avant. Des gens qui se collent, qui s’embrassent et qui se sautent dessus. C’en est presque bizarre pendant une petite heure. Comme l’impression d’être dans un épisode de la Quatrième Dimension. Des concerts, on retiendra surtout La Femme venue Foutre Le Bordel et présenter un album, Paradigmes, sorti au printemps. Tatiana, Sur La Planche, Nous étions deux, Antitaxi

Les Français n’ont pas joué longtemps (50 petites minutes en fin d’après-midi) mais Sacha Goth, Marlon Magnée et leur clique ont proposé un best of bien torché qui méritait le déplacement. La programmation dominicale, pour le coup très française (47Ter, Aaron, Woodkid, Bon Entendeur…), aura aussi mis en valeur le groove et les talents de L’Impératrice. Un concert efficace rappelant les belles heures de la French touch (Phoenix en tête) et défendant la pop dans ce qu’elle a de plus dansant. Si vous pensiez que le monde d’après n’aurait rien à voir avec celui d’avant et si vous vous imaginiez que le visage des grands festivals changerait drastiquement, Ronquières a déjà démontré tout le contraire. Demain sera comme hier….

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