Daniel Darc est mort

© AFP/Jeff Pachoud
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Le chanteur de Taxi Girl a été retrouvé mort chez lui par son producteur, annonce BFM TV. Retour sur le parcours d’un grand du rock français.

Daniel Darc est mort. Ce n’est pas la première fois. Depuis le temps qu’on le pensait/craignait. Celle-ci semble être juste la bonne. L’ancien chanteur de Taxi Girl a été retrouvé sans vie par son producteur, dans son appartement du 11e arrondissement de Paris. « Un mélange d’alcool et de médicaments pourrait être à l’origine de sa mort », écrit Le Monde.

On l’avait encore vu sur scène, il y a un an, lors des Nuits Botanique. Concert bancal, lui magnifiquement sur le fil. La gueule cassée, mais souriante, semblant tenir à distance les dérives destroy…

Daniel Rozoum naît le 20 mai 1959, dans le XIVe arrondissement, à Paris. « Un accident, explique-t-il à Benoît Sabatier, dans son livre Nous sommes jeunes, nous sommes fiers. Ma mère avait déjà avorté deux fois, pour le troisième avortement, c’était trop tard, je suis né. » Ses grands-parents sont d’origine russe, famille juive issue du « même village que les ancêtres de Bob Dylan »… C’est en 1917 que les Razoumov fuient la révolution russe pour se réfugier en France.

Darc grandit dans le XVIIIe. Très jeune, il flashe sur Elvis. L’ado est timide, mais est fasciné par la musique, les blousons noirs, fraye volontiers avec les marginaux du quartier. Plus tard, il se prend les Stooges, puis le punk en pleine tronche. Un jour, il se fait piquer ses santiags dans la rue. Le lendemain, sur le chemin du collège, il les retrouve aux pieds d’un gars: Mirwais Ahmadzai a juste le temps d’expliquer qu’il les a rachetées à des petites frappes, manquant de se faire fracasser la tronche par Darc. Un peu plus tard, les deux se retrouveront au sein de Taxi Girl.

En 1980, la formation obtient un premier hit, Cherchez le garçon. Esthétique punk, influence Kraftwerk. Darc est beau comme un dieu, arrogant et provocateur. C’est aussi l’époque du Palace, ambiance anar’ décadente et drogues à volonté. En première partie des Talking Heads, Darc se taillade les veines et arrose le public de son sang. Ambiance. Evidemment à ce rythme-là, Taxi Girl s’épuise rapidement, enfoncé dans la dope et miné par les arnaques de son manager. Après l’album Seppuku et un dernier gros tube (Aussi belle qu’une balle), le plus grand groupe punk français implose en 1986.

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Daniel Darc continue en solo, avec quelques belles réussites: Sous influence divine (1987) ou Nijinsky (1994). Mais plombé par la drogue, il accumule les problèmes de santé, se retrouvant par moment à la limite de la clochardisation. Il faut attendre Crève coeur, album littéralement miraculeux, accouché avec l’aide de Frédéric Lo. Voûté, recouvert de tatouages, Darc s’est converti au protestantisme, chante des psaumes (Psaume XXIII), mais continue à tremper sa plume dans une encre existentielle sombre. « Celui qui sait est malheureux/Il est dangereux de se pencher au-dedans/Les robes de mariées sont maculées de sang. » Genre. Suivront Amours suprêmes en 2008 et l’ultime La taille de mon âme. Sur ce dernier, il samplait notamment un extrait des Enfants du Paradis. Et cette réplique d’Arletty: « Je ne suis pas belle, je suis vivante, c’est tout ». Ainsi a vécu Daniel Darc.

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