Couleur Café J3: la Nigériane Tems triomphe sous la pluie  

Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

La star nigériane Tems a filé le frisson, lors de la dernière soirée d’une édition de Couleur Café très réussie, affichant complet

Et un sold out, un ! Alors que l’été s’annonce particulièrement tendu pour beaucoup d’événements, Couleur Café s’est rassuré ce week-end. Déjà copieusement garni vendredi et samedi, le festival bruxellois ne comptait plus que quelques centaines de places à écouler pour la journée de dimanche. Malgré la météo half en half, elles sont finalement parties assez facilement. Lancé en 1990, Couleur Café a connu une histoire parfois chahutée. Il a dû se remettre en question, s’est fait souvent « bouger ». Parfois littéralement (cette année, il fêtait par exemple les 30 ans de son déménagement des Halles de Schaerbeek à Tour & Taxis). Installé depuis 2017 au parc d’Osseghem, au Heysel, Couleur Café a su retomber à chaque fois sur ses pieds. Et ce, en réussissant à évoluer, tout en préservant ses fondamentaux.

Cette démarche, la venue de Tems, la résumait d’ailleurs bien. La chanteuse nigériane incarne en effet, à la fois une certaine tradition musicale et la modernité afro pop. Après l’annulation de la jeune Sud-Africaine Tyla, elle constituait ainsi la principale tête d’affiche africaine du week-end. Dans les bagages de celle qui a collaboré entre autres avec des superstars comme Beyoncé ou Drake, un premier album, Born In The Wild, paru il y a deux semaines d’ici. Un des disques les plus réussis de ce début d’année. Et qui, sur scène, a pris une saveur supplémentaire.

Tems, voix magnétique

Sur le coup de 22h30, Tems, toute de blanc vêtue, arrive au milieu des hautes herbes et des graminées, dans un décor rappelant sobrement la savane. A ses côtés, un groupe particulièrement affuté – batterie, percussion, chœurs, guitare, basse. Sans esbroufe, il déplie un groove, à la fois discipliné et organique, en mode revue R&B. L’écrin parfait pour la Nigériane, autant inspirée par l’afrobeat que par la musique soul/R&B des années 90-2000.

On décrit souvent Temilade Openiyi, et sa musique, comme réservée, voire introvertie. Pourtant, sur la scène de Couleur Café, la chanteuse n’a aucun mal à prendre l’espace et imposer sa star attitude. Cela ne tient pas à grand-chose : un soulèvement des cils, un mouvement du bassin, ou un geste de la main. Mais le sortilège fonctionne. Notamment parce qu’il s’appuie sur une voix exceptionnelle. Là aussi, elle n’est pas forcément spectaculaire. Mais, avec son grain cuivré, elle dégage un charisme magnétique. Il faut la voir par exemple, sur Damages, appuyer chaque voyelle avec une précision qui donne un nouvelle intensité à son single de 2020. Tiré du même EP For Broken Ears, Ice-T est un autre moment fort, ballade éclatante, à la fois résiliente et joyeusement décalée. De son récent premier album, Tems ressort évidemment Love Me JeJe, son tube actuel. Mais aussi, notamment, une fabuleuse version de Turn Me Up, à la fois délicate et autoritaire, comme pouvait l’être par exemple une chanteuse comme Sade.

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Entre-temps, la pluie a commencé à doucher la plaine. Mais pas de quoi faire décoller le public. Au contraire, la drache donne presque un cachet supplémentaire au moment, déjà exceptionnel. Tems ne s’y trompe pas. Visiblement touchée, elle avoue « vivre l’une des meilleurs soirées de sa vie ». Jusqu’au prochain concert ? Elle insiste pourtant : « C’est la première fois que je viens en Belgique, comment je pouvais m’attendre à ça ! C’est vraiment une soirée spéciale ». Pas que pour elle du coup.

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