Cinq voix à la frontière du genre
Si Chris(tine and the Queens) se fait maintenant appeler Chris, c’est pour briser les frontières du genre. A l’image de David Bowie, Prince ou encore Michael Jackson, d’autres artistes aux identités plurielles bouleversent aussi les codes de la musique pop grâce à une voix qui interroge, un style qui fascine tant ils sont non-binaires. Interprètes entre il et elle, voici cinq figures de l’androgynie moderne.
Anohni, la lumière obscure
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Anohni, c’est une voix mielleuse et chaleureuse aux airs presque lyriques. Un timbre grave, des notes longues tout en retenue dans une atmosphère aérienne, teintée de mélancolie. Derrière cet univers parfois sombre se cache l’ex-chanteur d’Antony and the Johnsons, né Antony Hegarty. Elle est l’une des premières personnalités transgenres à avoir été nominée aux Oscars en 2016, pour la meilleure chanson originale. Depuis sa reconversion, Anohni pose sa voix sur des mélodies électroniques avec des textes chargés d’émotion. Dans son dernier album Hopelessness paru en 2016, elle dénonce, entre espoirs et désespoirs, les maux sociétaux du 21e siècle comme la surveillance de masse, la peine de mort ou encore le réchauffement climatique. Un album lourd de sens qui se savoure en toute légèreté.
Sophie, électro-sensuelle
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Sophie cultive l’intrigue tant sur sa voix que sur son physique. Chevelure rousse courte ondulée, lèvres brillantes à souhait, mâchoire quelque peu développée et musculature assumée. Une voix fragile et sensuelle. La confusion se veut totale. Dans sa ballade It’s okay to cry sortie en octobre 2017, l’artiste écossaise nous plonge dans un univers visuel pop-gloss haut en couleur. Côté instrumental, on plane sur des mélodies de synthé lentes et régulières qui mettent en lumière cette voix douce androgyne au souffle délicat. Dans d’autres titres comme Faceshopping ou Ponyboy, elle propose des sonorités plus franches, plus électroniques avec des basses qui nous transportent dans un univers psychédélique. Si Sophie reste une artiste discrète dans les médias, elle brille pourtant à travers les morceaux qu’elle a produits pour Madonna, Charlie XCX ou encore MØ.
Rhye, pur et classe
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Less is more, le dicton qui colle parfaitement au style de Rhye. Une voix de velours, angélique et aiguë agrémentée de notes instrumentales, mais pas trop. Piano, violon, lignes de basse simples, le style oscille entre soul et pop-jazz élégante, qui rappelle l’envoûtante chanteuse Sade dans les années 80. Rhye, de son vrai nom Mike Milosh, a lui aussi joué la carte du mystère à la sortie de son premier album Woman, sorti en 2013. Avec ses premiers titres Open et Fall, en 2012, on le pensait d’abord femme. Six années plus tard, avec son dernier album Blood sorti en février 2018, il est parvenu à s’imposer en tant que chanteur atypique de la scène pop, reconnaissable entre mille.
Arca, le magicien expérimental
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Il pourrait être le frère d’Aphex Twin. Sonorités électroniques étranges presque dérangeantes. Atmosphère brumeuse parfois glauque, tension dramatique et voix unisexe dans un registre électro-trap-lyrique. Voilà les tableaux surprenants que nous propose le producteur et chanteur vénézuélien Arca. Si ses instrumentales vous rappellent certains titres de Björk dans son dernier album Utopia, ou encore ceux de FKA Twigs dans EP2 et LP1, c’est parce qu’il a produit celles-ci. Avec trois albums à son actif, Alejandro Ghersi de son vrai nom explore des sonorités venues tout droit d’une autre galaxie. Dans son dernier album, il se dévoile davantage que dans les précédents, laissant les émotions sensorielles s’installer progressivement.
Tune-Yards, bricolage et world music
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Merrill Garbus, chanteuse canadienne du duo Tune-Yards, est surprenante. On se demande ce qu’elle mange le matin tellement les sons qu’elle propose sortent de l’ordinaire. Une pop bizarre ensoleillée, comme un joli bonbon à croquer. Dans son dernier album, I Can Feel You Creep Into My Private Life, l’artiste propose des lignes de basses simples mais efficaces, des percussions dynamiques et des arrangements de voix délicieusement réalisés. Bien que sa voix seule suffise amplement pour vous hérisser les poils épidermiques. Une ou plusieurs voix semble-t-il. À la première écoute du titre Heart Attack issu du dernier album, on imagine un homme à la voix quelque peu aiguë, comme celle du chanteur Jamiroquai ou encore celle d’Adam Levine, le leader du groupe Maroon 5. Ou encore, on se projette dans autre continent avec sa voix à l’africaine. Une grande musicalité colorée et métissée qui met de bonne humeur, donc.
Muna Traub
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