Bad Bunny, portrait d’une idole aussi populaire que transgressive 

Bad Bunny, l’un des artistes les plus streamés sur Spotify, et sans chanter un mot d’anglais. © WWD via Getty Images
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Star planétaire, le Portoricain Bad Bunny a sorti l’un des albums phares de 2025. Et suscité l’agacement des troupes trumpistes, irritées de l’invitation faite au chanteur reggaeton queer friendly de prendre en charge le show du prochain Super Bowl. Portrait.   

Kristi Noem a été l’une des premières à dégainer. Quelques jours après l’annonce de la désignation de Bad Bunny pour animer la mi-temps du Super Bowl, l’événement sportif le plus suivi de l’année, la secrétaire à la Sécurité intérieure a prévenu: les dirigeants de la National Football League doivent s’attendre à voir l’ICE –les agents de l’immigration– débarquer en masse autour du stade de Santa Clara, en Californie, le 9 février prochain. Hormis cette mise en garde, d’autres voix Maga se sont encore agacées de voir l’une des plus grosses vitrines médiatico-patriotiques américaines trustée par une star qui ne chante pas un seul mot d’anglais. Ce à quoi l’intéressé, taquin, répondra: «Pas de souci, ils ont quatre mois pour apprendre l’espagnol.»

Trump lui-même n’a pas pu s’empêcher: pour lui, c’est très clair, la décision de la NFL est tout à fait «ridicule». Interrogé par le présentateur télé conservateur Greg Kelly, le président a même feint de ne pas «voir de qui il s’agissait», ni ce qu’il «pouvait bien chanter». Se serait-il intéressé au cas Bad Bunny, le Potus aurait découvert, certes, l’un de ses plus virulents détracteurs. Mais aussi l’une des plus grandes icônes pop de la planète... 

Pour preuve. Depuis le début des années 2020, Bad Bunny s’est systématiquement retrouvé dans le Top 3 des artistes les plus streamés au monde sur Spotify, aux côtés de Taylor Swift et Drake. Entre 2020 et 2022, il terminera même à chaque fois numéro un du classement. Il faut dire que, durant ces trois années-là, il sortira pas moins de quatre albums. Dont YHLQMDLG, qui lui vaudra de recevoir le premier de ses trois Grammy awards. Puis El Último Tour Del Mundo, premier album intégralement hispanophone à grimper jusqu’à la première place du Billboard, le sacro-saint hit-parade américain. Ou encore Un Verano Sin Ti, nommé lui aussi aux Grammys, non seulement dans les catégories latino mais aussi dans celle générale du Meilleur album pop (aux côtés d’Adele, Beyoncé, etc.), là aussi une première pour un album entièrement chanté en espagnol…

Le Super Bowl trusté par une star qui ne chante pas un mot d’anglais, voilà de quoi irriter le camp Trump.

Géopolitique des tubes

Jusque-là, les artistes latino se retrouvaient en effet souvent coincés : arrivés à un certain point de leur carrière, ils n’avaient d’autre solution pour percer le plafond de verre que de switcher à l’anglais. De Gloria Estefan à Ricky Martin, tous ont dû faire à un moment la bascule.

Bad Bunny, lui, a toujours esquivé. Il faut dire qu’il évolue dans un tout autre paysage musical que ses prédécesseurs. Depuis une dizaine d’années, les musiques «latina» n’ont en effet jamais été aussi populaires. L’explication? It’s the Internet, stupid! Le web a fait sauter les verrous traditionnels de l’industrie. Ce qui s’est concrétisé sur les plateformes de streaming par une remise en cause de l’hégémonie anglo-saxonne. Entre 2014 et 2023, les genres étiquetés «latino» ont augmenté leur audience de… 986%. Ils ne sont d’ailleurs pas les seuls à avoir profité de cette redistribution des cartes : de la vague afrobeat nigériane à la rage k-pop, c’est toute une nouvelle géopolitique de la pop qui s’est mise en place.

Avec ce petit avantage supplémentaire pour les musiques latina, qu’elles sont souvent tournées vers la piste de danse. Une inclinaison qui les rend particulièrement intéressantes pour des réseaux sociaux comme TikTok, où les vidéos de danse sont devenues de puissants vecteurs de buzz. Rien de plus viral qu’une chorégraphie à reproduire devant la caméra…

Bad Bunny se joint aux manifestations contre le gouverneur portoricain Ricardo Rossello. © Getty Images

A cet égard, 2017 fait office de charnière. Cette année-là, sort Despacito. Avec sa scie, le Portoricain Luis Fonsi va exploser le nombre de vues sur YouTube, pulvérisant le record de Gangnam Style du Sud-Coréen Psy. A l’heure d’écrire ces lignes, il cumule plus de 8, 8 milliards de vues (seulement devancé par la comptine pour enfants Baby Shark…). L’année suivante, un autre titre va secouer les hit-parades. La rappeuse Cardi B cartonne avec un morceau samplant de manière appuyée le I Like It Like That de Pete Rodriguez, tube latino boogaloo des années 1960. Aux côtés de la rappeuse, le serial hitmaker colombien J Balvin. Et un certain… Bad Bunny.

Lapin aux grandes oreilles

Encore avant cela, un autre morceau a ouvert de nouvelles portes aux artistes latino. En 2005, le Gasolina de Daddy Yankee se répand comme une traînée de poudre. Inscrit depuis 2023 à la Bibliothèque du Congrès américain, pour son importance « culturelle, historique ou esthétique », le titre constituera en quelque sorte le cheval de Troie d’un courant musical alors encore relativement méconnu, de ce côté-ci de l’Atlantique : le reggaeton. Soit un mélange entre rythmiques issues du dancehall jamaïcain, vibes latinos et attitude hip hop. Ce mix va bientôt envahir le monde entier. Il sera convoqué par les rappeurs – comme Jul, qui en a donné sa propre version. Mais aussi dans la pop (de Madonna à Ed Sheeran ), l’électro (DJ Snake et consorts), ou même la chanson (le groupe Feu! Chatterton sur leur récent Labyrinthe).

Si le reggaeton est officiellement né au Panama, il va prendre son essor grâce aux artistes portoricains. Comme Daddy Yankee, qui a forcément marqué Bad Bunny. Celui-ci a tout juste 10 ans quand sort Gasolina. A l’époque, il chante encore dans la chorale de l’église…

Fils d’une enseignante et d’un chauffeur de camion, le petit Benito Antonio Martínez Ocasio est né à Bayamón, dans la banlieue de San Juan, la capitale. Il grandit entre la mer et la montagne, dans un quartier populaire de Vega Baja. A la maison, il est biberonné aux disques de salsa du paternel, et aux airs de merengue préférés de sa mère. Sa musique à lui, il la trouvera à l’adolescence, à travers le rap et le reggaeton. En 2016, il étudie la communication audiovisuelle à l’université de Puerto Rico, tout en bossant comme magasinier chez Econo, la chaîne de supermarchés locale. Cette année-là, il poste une première chanson sur SoundCloud. Le morceau s’intitule Diles. En deux semaines, il engrange un million d’écoutes.

L’apprenti rappeur choisit de se présenter sous le nom de Bad Bunny. Le pseudo fait référence à une photo de lui, gamin : forcé de se déguiser en lapin pour une fête de l’école, il avait tiré la tronche devant l’objectif. Benito Ocasio sera donc el conejo malo. Presque comme un équivalent du « mouton noir » ou du vilain petit canard, dans une scène reggaeton qu’il va embrasser, tout en traçant son propre chemin. Attaché aux racines du genre, il n’aura de cesse d’élargir le cadre –de la latin trap de X 100 PRE aux penchants indie rock d’El Último Tour Del Mundo en passant par le kaléidoscope caribéen de son récent DeBÍ TiRAR MáS FOToS.  Bad Bunny est cet artiste capable de démarrer un morceau sur un rythme de bomba folkorique puis de vriller électro à mi-parcours (El Apagón) ou de sampler Charles Aznavour sur un autre (Monaco). Lapin Mauvais donc, mais aux oreilles grandes ouvertes…

Bad Bunny fait référence à une photo de Benito, gamin, forcé de se déguiser en lapin pour une fête d’école.

A couteaux tirés

En 2018, Bad Bunny expliquait aussi avoir choisi un pseudo qui fonctionne quasi comme une marque, accrocheur, facilement identifiable. Et en anglais donc. Ce sera la seule concession du Portoricain à la langue de John Wayne. Car, pour le reste, dans sa musique, Bad Bunny ne va jamais dévier de sa ligne: s’il veut toucher un maximum de monde possible, ce sera en espagnol dans le texte. Et en restant proche de ses racines.

Il faut dire que Porto Rico est une île à part dans les Caraïbes. Etat «librement associé» aux Etats-Unis, ses citoyens sont officiellement Américains. Pour autant, les deux millions d’électeurs portoricains (pour 3,2 millions d’habitants) ne peuvent voter directement pour les élections étatsuniennes. A la place, ils désignent un gouverneur, qui a les attributions d’un chef d’Etat. A l’exception des domaines de la défense et de la politique étrangère, qui restent sous l’autorité de Washington. 

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L’île doit faire face à de gros défis socio-économiques. Sur son album Un Verano Sin Ti, Bad Bunny évoque par exemple les coupures de courant récurrentes sur le morceau El Apagón (La Panne). Porto Rico rencontre aussi des problèmes récurrents de corruption et de violence. En janvier 2019, par exemple, le rappeur Kevin Fret est abattu de plusieurs balles. Dès le lendemain, Bad Bunny se rend au domicile du gouverneur Ricardo Rosselló, accompagné de son ami Residente, rappeur au sein de Calle 13. Traversant la ville au milieu de la nuit, ils documentent leur équipée dans un live Instagram. Sur le coup de 5 heures du matin, ils finissent par arriver à la résidence pour discuter des problèmes de violence avec le gouverneur, autour d’un café

Quelques mois plus tard, les choses se corsent. La colère gronde un peu plus quand fuitent dans la presse plus de 800 pages d’échanges sur Telegram, impliquant Rosselló. Des conversations avec les membres de son cabinet, remplies de propos sexistes, racistes et homophobes. A la suite de ces révélations, la population va sortir dans la rue pour réclamer la démission du gouvernement. Bad Bunny interrompt alors sa tournée européenne pour rejoindre les manifestants. Avec Residente et la chanteuse iLé, ils postent sur YouTube une protest song au titre vindicatif: Afilando cuchillos, «affûter les couteaux»…

Icône queer

A la tête des manifestants, on trouve également le hitmaker latino Ricky Martin. Star des années 1990 (Livin’ La Vida Loca), il attendra 2010 pour évoquer son homosexualité. Il est d’ailleurs l’une des personnalités qui a fait l’objet de commentaires homophobes dans les «Ricardo files». Grand fan, Bad Bunny est à ses côtés pour le soutenir. Ce qui fera dire à Martin, lors d’une interview radio: «[Bad Bunny] n’est pas gay, mais c’est un allié superpuissant. On lui sera toujours reconnaissant.»  

«De l’homophobie aujourd’hui et maintenant? C’est tellement embarrassant, gars.»

A Bruxelles, Ricky Corazón et Vera Moro ne disent pas autre chose. Après avoir lancé les fêtes Gelatina il y a une quinzaine d’années, Ricky a fondé le concept Viciosa en compagnie de Vera. Soit deux soirées latinx queer, parmi les plus courues de la capitale. Avec un parti pris certes «alternatif», mais sans pour autant faire l’impasse sur la musique de la mégastar portoricaine. Vera Moro ne s’en défend pas : «A un moment donné, il y a toujours un Bad Bunny qui sort. C’est presque incontournable.» «D’office!, confirme Ricky Corazón. A la limite, si on ne passe pas de morceau de Bad Bunny, les gens râleront. Ce qui nous va très bien, parce que c’est quelqu’un qu’on aime jouer.» A la fois pour sa musique. Et pour la manière avec laquelle il a secoué les clichés machos du reggaeton? «Clairement, c’est quelqu’un qui, à la fois dans ses thématiques et son image, a déconstruit le genre. C’est aussi pour cela qu’il est apprécié de la communauté LGBT.»  

De fait, Bad Bunny n’a jamais hésité à monter au créneau. En janvier 2019, par exemple, il réagit aux commentaires homophobes de Don Omar, pionnier reggaeton, à propos d’un autre chanteur, Ozuna. Dans un tweet, il écrit: «De l’homophobie aujourd’hui et maintenant ? C’est tellement embarrassant, gars.» Un an plus tard, il profite de son passage au Late Show de Jimmy Fallon pour rendre hommage à la femme transgenre Alexa Negrón Luciano, assassinée quelques jours plus tôt, en pleine rue, à San Juan. Au moment de jouer son morceau Ignorantes, Bad Bunny dévoile un sweat-shirt, sur lequel est écrit: «Ils ont tué Alexa, et non « un homme en robe »», référence à la manière dont plusieurs médias avaient décrit Alexa…

L’activisme de Bad Bunny tranche dans un univers reggaeton, souvent critiqué pour ses travers sexistes, machistes et violents. Dès le début de sa carrière, il s’est ainsi attaché à reprendre les codes hétéro-normatifs du genre, tout en les détournant, faisant évoluer les «narratifs» et les esthétiques traditionnelles. Bad Bunny peut ainsi faire ses débuts d’acteur aux côtés de Vin Diesel dans la franchise d’action Fast & Furious (en 2021), ou se lancer dans le catch américain (l’une de ses passions). Cela ne l’empêche pas de parader habillé totalement en rose ou de se vernir les ongles. Ni de porter des tenues féminines – par exemple la robe Burberry beige à manches bouffantes, arborée au Met Gala en 2022.

Je twerke seule

Dès son premier album, X100PRE, le clip du morceau Caro joue des clichés. Au lieu des habituelles vixens légèrement vêtues, Bad Bunny fait défiler drag queens, modèles non binaires, mannequin plus-size, dame d’un certain âge ou danseuse trisomique, tandis qu’un homme lui dépose au passage un baiser fougueux sur la joue… Dans la même vidéo, Bad Bunny parade en voiture de luxe, dans le «ghetto». Sauf que ce n’est pas lui qui prend les inévitables poses virilistes, mais bien une sosie, cheveux rasés, lunettes noires…

Régulièrement, la star s’amuse à flouter les genres. «Pour le clip de Yo Perreo Sola, raconte Vera Moro, il s’est par exemple présenté en drag! Je pense que cela n’était jamais arrivé dans l’histoire du reggaeton, et certainement pas avec un artiste de cette ampleur!» La chanson, dont le titre peut être traduit par «Je twerke seule», parle d’empowerment féminin, de violences sexuelles et de consentement. A la fin de la vidéo, un message insiste: «Si elle ne veut pas danser avec toi, respecte son choix. Elle twerkera toute seule»…

Vera Moro tempère quelque peu: «Cela ne veut pas dire que Bad Bunny est parfait. On l’adore. Mais par exemple quand il sort YHLQMDLG, en 2020, tout le monde a beau applaudir son néoféminisme, on ne retrouve absolument aucune artiste au générique.» «Malgré cela, on ne peut pas nier qu’il a fait avancer les choses, ajoute Ricky Corazón.» Artiste post-MeToo dans une industrie musicale encore accrochée à ses réflexes machos, Bad Bunny a en effet bousculé les schémas. Certains plus «banals», comme quand il s’insurge dans un tweet: «C’est quoi ce bordel concernant l’imposition d’épiler ses parties intimes quand on est en couple?», mais aussi d’autres, plus problématiques. En 2018, le titre Solo de mí évoque les violences domestiques. Dans la vidéo, la modèle vénézuélienne Laura Chimara chante face caméra, tout en encaissant les coups invisibles: «Ne m’appelle plus jamais « baby »/Je ne t’appartiens pas, ni à toi, ni à personne.»

Les tics les plus salaces du reggaeton ne sont pas abandonnés pour autant. Les textes de Bad Bunny sont souvent crus, bourrés d’ego trip. En 2023, les paroles de Baticano, par exemple, sont sexuellement très explicites. Mais, même dans ces moments-là, Benito Ocasio provoque pour mieux secouer les lignes conservatrices. Dans le clip, un père met sa main sur les yeux de son fils quand il voit deux hommes s’embrasser à la télé, mais n’a aucun problème à ce qu’il regarde des scènes de violence…

El Ultimo Tour Del Mundo. © GETTY

Des racines et des ailes

Bad Bunny n’est donc pas tout à fait une pop star comme les autres. Il est cet artiste engagé et rassembleur, capable de combiner audaces artistiques et succès populaire. Le tout en restant fidèle à ses racines portoricaines. Son dernier album DeBÍ TiRAR MáS FOToS en est une nouvelle preuve. Publié en janvier dernier, à quelques jours de l’investiture de Donald Trump, il a directement monopolisé la conversation pop. Ricky Corazón s’en souvient: «Pour moi, c’est un classique instantané. Notamment parce qu’il réussit à combiner parfaitement le passé et la modernité, à évoquer une certaine nostalgie tout en continuant à chercher dans les sons.» Ce que confirme Vera Moro: «Je regarde beaucoup de vidéos TikTok, où des gens interviewés dans la rue doivent donner leur titre reggaeton préféré. Les moins de 25 ans citent systématiquement un morceau de Bad Bunny. Mais à côté de ça, vous pouvez aussi tomber sur des TikTokeurs qui font écouter à leur grand-père ou leur grand-mère la musique de Bad Bunny. Et tout le monde adore!»

Plus que jamais, Bad Bunny inscrit également sa musique dans un contexte sociopolitique précis. Avec DeBÍ TiRAR MáS FOToS, le chanteur célèbre autant les richesses de son île, qu’il ne dénonce ses dérives –entre incurie politique et gentrification d’un territoire de plus en plus souvent abandonné aux touristes («Je ne veux pas qu’ils fassent de toi ce qui est arrivé à Hawaï», chante-t-il sur LO QUE LE PASÓ A HAWAii). Sur YouTube, chaque titre de l’album a aussi eu droit à son visualizer: un court texte rédigé par l’universitaire Jorell Meléndez-Badillo sur un aspect de Puerto Rico. KLOuFRENS évoque par exemple Luisa Capetillo, autrice-syndicaliste-suffragette envoyée en prison pour avoir porté un pantalon…

Mais Bad Bunny n’a sans doute jamais mieux illustré son propos qu’avec la vidéo de NUEVAYoL, le morceau qui ouvre l’album. Posté le… 4 juillet, jour de l’Indépendance américaine, le clip montre notamment le chanteur installé au sommet de la Statue de la Liberté. Sur le front du monument, est pendu un drapeau portoricain, rappelant le coup de force de cinq activistes indépendantistes, en 1977. Dans la séquence suivante, un groupe de «yoricans» (mot porte-manteau pour désigner les New-Yorkais d’origine portoricaine) écoutent les excuses d’un faux Trump à la radio: «J’ai commis une erreur, je veux m’excuser auprès des immigrants d’Amérique […] Je veux dire que ce pays n’est rien sans les immigrants.»

«Je veux dire que ce pays n’est rien sans les immigrants!»

Duolingo activé

Une pique de plus pour un président qui n’a, c’est peu de le dire, jamais eu les faveurs du chanteur. Dès 2017, lors du premier mandat, Bad Bunny arborait un tee-shirt: «Tu es juste un twittos ou un président?», en espagnol dans le texte. L’année suivante, le ton se fera plus frontal, après le passage destructeur de l’ouragan Maria. Invité à nouveau sur le plateau de Jimmy Fallon, et alors que sa propre famille doit toujours compter sur des générateurs pour avoir de l’électricité, Bad Bunny critique l’inaction de Washington: «Plus de 3.000 personnes sont mortes, et Trump est toujours dans le déni.»

Sept ans plus tard, le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche n’a évidemment rien arrangé. Que du contraire. Craignant des rafles de l’ICE lors de ses concerts, Bad Bunny a décidé de zapper les Etats-Unis de sa tournée mondiale. A une seule «exception», donc: les treize minutes de la mi-temps du Super Bowl… 

Cet été, le chanteur a démarré sa série de concerts par une résidence au José Miguel Agrelot Coliseum de San Juan, la plus grande salle de Porto Rico. Une trentaine de dates, dont neuf réservées aux résidents portoricains. Avec quelque 600.000 spectateurs, la manœuvre aurait généré au total quelque 400 millions de dollars, donnant un coup de pouce non négligeable à l’économie de l’île.

La véritable tournée mondiale a, elle, été officiellement lancée le 21 novembre dernier, en République dominicaine. Elle passera par l’Amérique Centrale, du Sud, l’Australie, le Japon, pour se terminer en Europe, avec une dernière étape… à Bruxelles. Elle aura lieu le 22 juillet au Stade Roi Baudouin. Allez, plus que sept mois pour parfaire votre espagnol…

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