Avec Moon Music, Coldplay sort l’album que vous allez adorer (détester)

Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Que vaut Moon Music, le nouvel album de Coldplay ? Critique enfonçant plein de portes ouvertes (mais pas autant que le groupe dont elle parle).

La première qualité de Moon Music est de rencontrer toutes les espérances. Celles des fans comme des rageux. A l’instar de U2 – l’un de leur modèle -, Coldplay est ce groupe mainstream que l’on adore haïr. Et plus que jamais Chris Martin et ses copains tendent le bâton pour se faire battre.

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L’esperanto pop de Coldplay

Un quart de siècle après leur début, leur 10e et antépénultième album (Martin a promis d’arrêter le compteur à 12), comblera les fans. Toujours aussi nombreux – quatre stade Roi Baudouin enquillés à la suite, en 2022 -, ils loueront la positivité de chansons qui n’hésitent jamais à remettre une couche de sentiment(alisme). Et de fait, il faudrait être de pierre pour ne pas trouver au moins touchante la jolie ligne de piano qui se balade sur l’intro atmosphérique de l’album (co-signée avec Jon Hopkins). « Once upon a time, I tried to get myself together/Be more like the sky and welcome every kind of weather”, chante Chris – maître Shifu – Martin, encore à ce moment-là dans la retenue. De la même manière, la meringue d’All My Love est tout ce que l’on attend d’une BO de romcom – ce genre en voie de disparition. Alors, pourquoi se priver?      

De l’autre côté, les haters vomiront toutefois une superproduction aux effets pompiers, encore et toujours minée par l’apport du hitmaker Max Martin et des affreux Chainsmokers. Au mieux, ils n’y verront qu’une musique aseptisée. Une sorte d’esperanto pop – après avoir été notamment chercher les Sud-Coréens de BTS, Coldplay convie ici les Nigérians Ayra Starr et Burna Boy, la Palestino-chilienne Elyanna et l’Argentine TINI. Un disque noyé dans la saccharine de mélodies trop niaises que pour être tout à fait honnêtes – feelslikeimfallinginlove est un modèle du genre. Ou se prenant les pieds dans le tapis dance, en ressortant les mêmes gimmick « funky » teenager entendus en boucle ces 10 dernières années (Good Feelings).

« We are the world » syndrome

Entre les deux, de quel côté penche le cœur (et la tête) du critique forcément « objectif » ? S’il faut vraiment se prononcer sur un groupe qui, depuis un moment, ne pèse plus vraiment dans le zeitgeist pop, il faut bien reconnaître que les hargneux ont des raisons de grincer. Pas besoin d’être snob ou de faire preuve d’un grand élitisme pour estimer qu’un morceau comme IAAM rabâche les mêmes motifs enthousiastes, ponctués du traditionnel solo-prétexte de guitare. Ni d’imaginer que, dans l’absolu, Coldplay cherche surtout à proposer une musique-commodité, sans danger ni relief, destinée à remplir des stades. Ils sont loin d’être les seuls dans ce cas. Mais puisqu’ils sont devenus les têtes d’affiche du genre…

Enfin, ce n’est pas davantage être un insensible cynique que de trouver le message peace & love des Anglais fort boursouflé. A l’instar de One World, grand geste oecuménique gonflé aux orgues grandiloquents. Certes, tenter une pop universaliste – a fortiori à l’heure où celle-ci a plutôt tendance à célébrer les individus et les communautés – reste une ambition louable. D’aucuns rajouteront en outre que, dans un monde qui n’a jamais semblé si près du chaos, un peu d’espoir et de positivité arc-en-ciel ne peuvent pas vraiment faire de mal. A voir. La démarche de Coldplay manque tellement de nuance qu’on n’en est plus vraiment si sûr…   

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