FOLK | Six ans après Helplessness Blues, les Fleet Foxes mettent fin à leur pause carrière et sortent enfin de leur tanière.
La production d’Helplessness Blues (2011) avait été un cauchemar pour Robin Pecknold et la tournée qui avait suivi avait mis à mal son amitié avec Joshua Tillman. En 2012, les Fleet Foxes disparaissaient de la circulation. Leur leader quittait la côte nord-ouest des États-Unis pour le Lower East Side, partait s’installer à New York et reprenait des études à l’université de Columbia. En 2014, Pecknold participait bien à un supergroupe avec Victoria Legrand (Beach House), Daniel Rossen (Grizzly Bear) et Hamilton Leithauser (The Walkmen) pour rendre hommage à Gene Clark des Byrds. Il composait aussi en 2015 la musique d’un spectacle Off-Broadway intitulé Wyoming. Mais aucun signe de sa flotte de renards.
Puis l’an dernier, Joanna Newsom l’embarque en tournée. Robin passe notamment à Bozar à Bruxelles ouvrir pour la harpiste, tout seul avec sa guitare acoustique. Il y présente quelques nouvelles chansons un peu plates et banales dans leur dépouillement. Certaines aujourd’hui figurent sur l’album. Elles ont pris de l’ampleur, même si elles ne sont pas ce que le barbu né à Seattle a composé de plus direct et immédiat.
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Six studios, douze musiciens…
Electric Lady, Sear Sound, Rare Book Room et Avast à New York, une ancienne église catholique, The Unknown, à Anacortes où travaille Phil « Mount Eerie » Elvrum… Crack-Up a été enregistré entre juillet 2016 et janvier 2017 dans pas moins de six studios et a nécessité, outre Pecknold et ses renards, l’aide de douze musiciens parmi lesquels le batteur de The Walkmen Matt Garrick ou encore celui de Joanna Newsom et de Bill Callahan Neal Morgan. Mixé par Phil Ek et masterisé par Greg Calbi, orphelin de Joshua Tillman qui vit désormais sa vie sous le nom de Father John Misty, Fleet Foxes a enregistré un disque qui demande du temps, de l’attention. Sans grand hymne d’hiver blanc ou d’île grecque (Mykonos) qui fonde dans l’oreille comme par le passé.
Album qui parle de chercher la paix dans le chaos, d’un mec solitaire qui réintègre son groupe et retrouve de vieilles connaissances, Crack-Up doit son nom à un triple essai de F. Scott Fitzgerald paru dans le magazine Esquire en 1936 et qui traite des contradictions de la vie -comme l’album. Toujours épique, rempli d’allusions aux textes anciens et discrètement marqué par le travail d’un La Monte Young et par la musique gnawa (dixit le principal intéressé), Crack-Up est un disque moins évident, plus triste et torturé dans sa « pastoralité ». Plus mélancolique sans doute aussi. Il repose en tout cas moins que ses deux prédécesseurs sur ces harmonies vocales dont les Fleet Foxes s’étaient fait une spécialité. « J’aimerais fabriquer un nouvel album dès maintenant« , déclarait récemment à Pitchfork Pecknold, fils d’une prof d’anglais et d’un musicien luthier. Certains pensaient peut-être ne jamais les revoir mais les Fleet Foxes sont bel et bien de retour. Et apparemment pour un bon bout de temps…
Fleet Foxes, « Crack-Up », distribué par Warner. ***(*)
Les 17 et 18/11 à l’Ancienne Belgique (complet).
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