Aurel: « La légèreté, c’est le meilleur des médicaments pour sortir de cette ambiance morose »
Des caravanes, des romans-photos et des survets satinés: avec Ah ouais et son clip flashy, Aurelio Mattern donne ton d’un premier EP solo à venir, aussi fun que diablement maîtrisé. Un petit bijou qui nous a donné envie de lui poser quelques questions.
Après avoir roulé sa bosse dans une demi-douzaine de groupes (Lucy Lucy, Sonnfjord, Paon…), Aurelio Mattern s’apprête enfin à graver dans le marbre les débuts discographiques de son projet solo en français. C’est qu’il a longtemps été peaufiné, ce premier EP prévu pour le 11 juin prochain: son premier titre, Oxygène pour deux, a déjà vu le jour il y a trois ans, et Aurel a présenté son seul en scène à plus d’une occasion, notamment aux Nuits du Botanique en 2019. Quel alignement de planètes l’a-t-il fait éclore là, en pleine crise sanitaire? La parole est à la défense…
Ça fait un moment que ton projet mature. Pourquoi le dévoiler dans cette période qui est sans doute la pire possible?
On s’est posé la question avec le label. Les morceaux de l’EP sont des morceaux que j’ai composés il y a déjà trois ans. Je les ai déjà défendus en live avant la Covid et pour moi, c’était vraiment important de le sortir enfin. J’avais besoin d’ouvrir le livre de ce que pourrait être Aurel. Mettre ça encore de côté plusieurs mois, ce n’était pas une solution envisageable. S’il fallait attendre que je puisse de nouveau être en face d’un public, l’inconnue était trop grande, même si on commence à voir le bout du tunnel.
Présenter un seul en scène, ça a toujours été l’idée, ou est-ce que ça « tombait bien » vu les circonstances?
Avec les mesures Covid, c’est sûr que c’était plus facile. Comme c’est un projet solo et que j’ai toujours travaillé en groupe, j’ai voulu aller au bout du concept solo, de l’écriture jusqu’à la présentation sur scène. Pour ressentir le danger, me mettre nu face à un public, voir jusqu’où je peux aller seul. Si je compare à mes expériences en groupe, il y a quelque chose de totalement différent. Le côté prise de risque et danger est beaucoup plus excitant quand tu es seul. Il y a une adrénaline qui est mille fois plus intense. Après, c’est vrai que la vie derrière la scène est moins marrante, quand tu dois faire 3h de route pour donner un concert. Heureusement, il y a Tommy Desmedt, mon ingé son, avec moi, donc on est toujours au minimum deux.
Le français n’est-il pas aussi une façon de se mettre à nu?
Tout à fait. L’idée de ce projet, c’était d’être le plus transparent, authentique possible. Le fait de chanter en français, c’était le premier pas à faire. J’ai toujours galéré à chanter en anglais, j’ai passé des heures à faire corriger mes textes, à travailler mon accent. La langue était une vraie barrière. Le fait de chanter en français, c’est une vraie libération. J’adore écrire, maintenant, alors qu’avant, c’était la dernière partie du travail. J’essaie de ne plus prendre de pose. D’être le plus moi possible, j’écris comme je parle à l’oral. Pas de poésie. J’aime bien trouver les petites expressions du quotidien que tout le monde utilise, les traduire en chanson.
Par rapport au clip du morceau, tu as une relation particulière aux campings ou c’est juste pour l’esthétique?
Dans cette recherche de montrer qui je suis, on a réfléchi avec les réalisateurs marseillais Hawaii & Smith à faire des clips qui me représentaient au mieux. Le premier, Hier la plage, ils sont venus chez moi, ils ont filmé ma famille, c’était extrêmement intrusif et parfois presque gênant (rires). Pour Ah ouais, mon grand-père était fan de caravanes, mon père est fan de caravanes, et moi j’ai fini par en acheter une il y a deux ans. Ce n’est pas spécialement le camping qui m’attire, mais plutôt le côté caravane, road trip. Dès qu’il fait un peu beau, on part quelques jours, même si ce n’est pas loin.
Tes chansons sont très solaires. Est-ce que la légèreté est la meilleure échappatoire face à la crise?
Hier la plage était assez nostalgique, un peu moins légère. Je l’ai sortie en février quand il y avait cette morosité ambiante, un ras-le-bol de tout le monde, une envie d’évasion. Ça a eu beaucoup d’écho chez les gens. « Vivement que ça se libère, vivement l’été… » Et là, avec la sortie d’Ah ouais, on s’est dit: le printemps arrive, on voit le bout du tunnel avec les vaccins et l’espoir renaît. On voulait un clip léger, solaire, qui fasse sourire. Du coup, j’ai été à Marseille pour trouver cette luminosité, cet air de vacances. La légèreté, c’est le meilleur des médicaments pour sortir de cette ambiance morose.
Tu es optimiste par rapport à l’avenir?
J’ai toujours été optimiste. Je me découvre des montagnes russes que je n’ai jamais vécues avant. Je peux avoir de grands moments de joie suivis de grands moments de doute. Mais je pense que tout le monde vit ça en ce moment, c’est dû au fait de tourner en rond, au manque de relations sociales. Mais j’essaie d’être optimiste, et je pense que très vite, on oubliera tout ça. Ce ne sera plus qu’une histoire qu’on racontera à nos enfants, on ne se souviendra que du premier confinement où on était tous dans nos jardins et dans les parcs.
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