Adolf de Nazareth versus DJ Mélenchon

Il nous assure avoir consommé plus de paracétamol que d’alcool ce week-end, mais à le lire, il n’est pas certain que cela ne soit pas encore une pirouette. Anyway, Serge Coosemans is DJ Mélenchon! Sortie de route, track 23.

Ça n’a peut-être pas l’air comme ça, sous mes allures de garçon propret (ne pas se fier à la photo choisie par la rédac !!!), mais je suis un véritable crevard. Sous le seuil de pauvreté depuis au moins 2007, premier dégommé par cette hype de crise économique mondiale. Ce coming-out, je le balance ici sans honte, ni fierté. Sans même la moindre émotion, en fait. C’est juste une contextualisation nécessaire à la compréhension de ce qui va suivre. Ce qui me sépare du clochard véritable, c’est un toit au-dessus de ma tête, un large réseau social ainsi qu’un art tenant parfois plus de la chance que de l’expertise pour me dégotter des plans pour me nourrir, m’habiller, me cultiver et me pochtronner à moindres frais. Pour le reste, je pense que je gagnerais mieux ma vie avec un orgue de barbarie et un ouistiti violoniste qu’en grenouillant dans les médias, mais, curieusement, je ne souffre pas de cette situation. Elle m’a au contraire totalement épanoui. L’ennui, c’est que lorsque l’on sort grandi de ce genre d’épreuve, on développe ensuite de franches tendances messianiques, voire même carrément fascistes. Depuis que je suis pauvre ET heureux, je dois ainsi combattre une véritable graine d’Adolf de Nazareth qui pousse en moi. Surtout la nuit.

Avec la subtilité d’un cartographe de l’Open VLD, définissons donc
les tribus noctambules bruxelloises auxquelles je me frotte habituellement et devinons lesquelles, vu ma caste, me sont le plus insupportables. Blings, flamoutches, gays, péteux, hipsters, students, expats, rolottos, Saint-gillois, bobos, péquenauds à boucs, Parisiens. Le Jugement Dernier venu, en tant qu’émissaire du Tout-Puissant, qui allons-nous proposer au grill du grand barbecue cosmique ? J’en vois parmi vous désigner les expats, d’autres les bobos. On me supplie de foudroyer les hipsters, de laisser dévorer les Parisiens de l’intérieur par des nuées de sauterelles. Il n’en sera rien. En tant que Messie, je lis les coeurs mieux que vous et en tant que fasciste, de toute façon, c’est ma décision qui prime. Verdict : sauvés seront ceux qui profitent tout simplement de ce que la nuit a à offrir, savent se montrer jouettes, aventureux et ouverts. Offerts au Néant, tous les autres, les gros porcs hautains capables de ruiner une ambiance rien que par leurs présences de profanateurs ignares étouffés par l’arrogance de leurs imbécilités. Seulement, voilà ! Ce genre de contingent conquistador, on en trouve autant chez les blings que chez les flamoutches, les gays, les péteux, les hipsters, les students, les expats, les rolottos, les Saint-gillois, les bobos, les péquenauds à boucs et les Parisiens. Probablement en trouve-t-on même beaucoup, de ces cons-là, chez les crevards et les intouchables ! Alors quoi, ici ?

Alors, toujours dans ce trip messianique et parce que les clivages arbitraires devenus clichés sociaux m’emmerdent de plus en plus, je vous annonce du haut de mon omniscience transcendante que depuis toujours, on vous a menti. La culture noctambule n’est pas un long fleuve tranquille où flottent des modes comme autant de troncs d’arbres plus ou moins pourris, appelés à être au final rongés par les castors de l’oubli. Ce n’est pas qu’un territoire de l’esprit où coexistent des tribus, souvent en s’ignorant, et où s’affrontent des tendances, prétendues concurrentes. Ce monde-là est au contraire très équilibré, simple, modèle yin & yang. D’un côté, les laissés pour compte, laminés par la société diurne ou désireux de l’oublier. Des gens qui inventent, se réinventent, cherchent à vivre différemment. À fuir l’ennui, le  » cauchemar climatisé « . Trouver le rire, l’amour, l’utopie. De l’autre côté, les agents de la normalité, les rogneurs d’originalités. Les porteurs de tremblantes moutonnières, les inspecteurs en conformités. Au fond, les modes et les tendances ne se créent que pour leur échapper, les duper, les mystifier. Derrière chacune d’elles, c’est le même élan. L’ennemi véritable n’est dès lors pas une classe sociale, un courant en remplaçant un autre, et il n’est pas non plus incarné dans l’une ou l’autre tribu urbaine. C’est un état d’esprit, l’ennemi. Je tombe le masque d’Adolf de Nazareth et hop, bonjour, voilà DJ Mélenchon ! Ni Dieu, ni César, ni tribun. Rassembleur. Vive la nuit plurielle, métissée, populaire, jubilatoire ! Dans le mix pour le salut commun ! Et qu’ils s’en aillent tous, les sarkozystes du dancefloor, les lemmings de l’ennui ! 4 the people, <3. Ou quelque chose du genre !

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Serge Coosemans (dimanche 20h48, au huitième Dafalgan)

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