Zizi Cabane

© National

On s’était levés un matin pendant l’été, et maman n’était plus là.” Dans cette maison du village de Laguerre, brutalement, le micro-clan composé de Ferment, le père, et de Béguin, Chiffon et Zizi Cabane, les trois enfants baptisés ainsi au gré de coups de tête, ne peut que constater l’évidence: Odile a disparu, et nul ne connaîtra -pas même le lecteur- les causes de ce soudain départ. Accident? Désertion? Peu importe: ce roman, qui aborde l’intime sans jamais verser dans le sinistre, mise sur une poésie presque chamanique pour détailler les effets de l’évaporation définitive d’une mère sur une tribu fantasque, en permanente recomposition. Majoritairement porté par la voix de la petite dernière, éponge insatiable au surnom éponyme, le récit ressuscite l’absente dans une ondée ou dans le souffle du vent, observe les apparents délaissés croître en âge et gagner en maturité, tandis que la troupe s’étoffe au rythme de rapprochements électifs. “Juste après la disparition de Maman, c’est (…) par le bas que la maison a commencé à suinter”, offrant un théâtre branlant, déglingué puis luxuriant au père, qui pendant toutes ces années reste “fou de sa présence, fou de son absence, dans le même mouvement. La vie, surtout, l’emporte à plate couture, tandis que la littérature s’enrichit d’une nouvelle offrande.

De Bérengère Cournut, éditions Le Tripode, 240 pages.

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