« Ain’t That Mayhem? »

Trio lyonnais fondé en 2007 sur les cendres de Bâstard, Zëro, groupe à l’accent mutant, collaborait récemment avec Virginie Despentes et Béatrice Dalle. Revisitant en musique l’oeuvre littéraire de Pier Paolo Pasolini tout en plongeant dans l’Italie d’après-guerre. Une aventure qui pointait méritoirement les projecteurs sur ces pionniers du post-rock à la française, produits notamment, dans leur première vie, par Lee Ranaldo de Sonic Youth. Ain’t That Mayhem? n’est pas un disque instrumental. Ain’t That Mayhem? n’est même pas un disque de post-rock. Ou disons plutôt: pas… qu’un disque de post-rock. Cet album est un ovni. Une odyssée étrange à bord d’un vaisseau spatial qui a du post-punk, de la noise, du math rock, du prog (oh, le vilain mot), des percées jazz aussi et un tas d’autres choses encore dans le moteur. Contrairement au vieux manoir délabré qui hante sa pochette, le nouvel album de Zëro n’a pas l’équilibre fragile et la construction précaire. Il a la force et la foi. Une foi inébranlable dans le pouvoir d’évocation de la musique, les détours escarpés et les itinéraires bis. À la fois rassurants, flippants, sereins, inquiets, apaisés, méchants, ces quatorze morceaux invitent à se perdre pendant pratiquement une heure dans un labyrinthe de sons et de sentiments. Il y a du trombone ( We Blew It), de l’orgue liturgique ( Five vs. Six), une relecture de Screamin’ Jay Hawkins ( Alligator Wine) et des rires glaçants ( San Francisco II) sur ce disque intransigeant et accessible qui demande du temps et s’apprivoise. Ain’t That Mayhem? n’est pas un album en pagaille mais quelque part la BO d’un monde sombre et chaotique.

Zëro

Distribué par Ici d’Ailleurs. Le 26/06 à La Malterie (Lille) et le 27/06 au Café Central (Bruxelles).

7

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