Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

échappé de la variét’, Maxim Nucci a créé Yodelice, chanteur lunaire qui sort aujourd’hui son 2e album, Cardioid.

Il y a des masques qui, plutôt qu’à vous cacher, servent surtout à vous dévoiler. Vers 2007, Maxim Nucci (Créteil, 1979) est ainsi devenu Yodelice, personnage lunaire en noir et blanc, larme dessinée sur la joue, chapeau melon vissé en permanence sur la tête. Une nouvelle fois, il explique: « Tout le monde joue des rôles et compose selon l’intervenant qu’il a en face de lui. Sans ce personnage, il n’y aurait pas eu Tree of Life. Il m’a permis de chanter des choses très intimes. » Avec succès. Tree of Life, 1er album sorti en 2009, fera son petit bonhomme de chemin, repartant même avec une Victoire de la musique, catégorie Révélations de l’année. Sûr que Maxim Nucci/Yodelice n’en espérait pas tant -« On a commencé à la Java de Belleville devant 20 personnes ». Surtout, Nucci sort à ce moment-là d’une période de doute…

Lâcher prise

Très tôt, le Français investit la musique: dès l’âge de 16 ans, il s’inscrit au Musician Institute, à Londres. De retour en France, il se retrouve embarqué dans le circuit des auteurs-compositeurs à commandes pour Universal. Ses « clients »? Pas mal d’artistes sortis de la téléréalité. Alors en couple avec Jenifer, il lui écrit par exemple l’entièreté de son 3e album. Lui-même se lance sous son nom, façon variét’ lover -le garçon est beau gosse, pourquoi se priver. Seulement voilà: le disque se plante.

Aujourd’hui, Yodelice est forcément une revanche, un retour aux sources; son déguisement de clodo céleste, une façon de faire oublier le chanteur à minettes. « J’ai passé trop de temps, dans ma vie, assis confortablement sur mon cul, ressassant des recettes de travail. Cela m’a mené au fond du trou. Avec l’impression de mourir artistiquement, cérébralement. » Maxim Nucci pratique aujourd’hui avec Yodelice une sorte de folk-rock un peu bohême, en anglais dans le texte. Une proposition assez isolée finalement dans le paysage musical hexagonal.

Ses connexions? Elles sont peut-être moins musicales que visuelles. Quand on lui demande de détailler les gens qui l’entourent, il commence par exemple par citer Bastien Duval, le scénographe des concerts de Yodelice. « C’est avec lui que j’ai créé le personnage de Yodelice. » Sur Cardioid, son nouvel album, il chante en duo avec Simone, alias Marion Cotillard. A charge de revanche: dans Les petits mouchoirs, le dernier film de son pote Guillaume Canet, c’est lui qui donne la réplique à l’actrice. Il y joue un petit rôle, tout comme M, également présent au générique. Mathieu Chédid justement, autre chanteur à être passé par la construction d’un personnage pour s’affirmer musicalement. « C’est lui qui a un peu lancé Yodelice. Il m’a emmené en première partie de Vanessa Paradis. La première fois que le projet a réellement pris forme en fait, c’était d’ailleurs ici, à Forest National! »

Avec le nouveau Cardioid, Nucci étoffe un peu plus son propos psyché-folk: « Le personnage était en noir et blanc, fait de papier, et de bois. Aujourd’hui viennent se greffer un peu de plastique, de la couleur, un peu de fluo… « , explique-t-il en rigolant de sa propre mise en abyme. La base reste cependant la même: la scène, encore et encore. « Cardioid, par exemple, a été joué aux 3/4 en concert avant d’être enregistré. » Une manière encore une fois pour Nucci de crédibiliser sa démarche qu’il veut authentique à tout prix. « Ma quête de tous les jours, d’homme et d’artiste, c’est le lâcher prise. J’essaie de vivre l’instant et d’accepter le fait qu’on n’a le contrôle sur rien. Et faire en sorte que chaque note sorte au moment où on la pense. »

u Yodelice, Cardioid,

chez Universal.

Laurent Hoebrechts

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