Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Touche-à-tout – Depuis 25 ans, Yo La Tengo fait tanguer la pop indé. Son nouvel album, Popular Songs, est à l’image de sa carrière. Brillant et décomplexé.

Distribué par Matador.

Si le marché du disque avait été à moitié bien foutu, Yo La Tengo aurait assurément vendu des millions de plaques à travers le monde avant que l’industrie ne s’écroule. Au lieu de ça, le groupe de la banlieue new-yorkaise formé par Ira Kaplan et Georgia Hubley au milieu des années 80 en a écoulé le tiers du quart. Signant pourtant une bonne dizaine d’albums remarquables et sans complexes à l’image de ce Popular Songs essentiellement enregistré chez eux, à Hoboken, avec Jim Rock.

Yo La Tengo est un peu la quintessence du groupe pour fans et critiques. Il passe peu, voire pas du tout, à la radio. Se veut fondamentalement touche-à-tout, un peu difficile à suivre, mais toujours accessible et d’un déconcertant bon goût. Loin de la soupe populaire, son dernier album est en quelque sorte l’introduction idéale à une carrière rythmée par bien plus de hauts que de bas.

Ainsi, Popular Songs démarre sur un morceau, Here to Fall, digne du Beta Band. Se permet des incursions sur le terrain rock ( Nothing to Hide), un imparable dialogue pop (If It’s True). S’offre des violons et des cordes.

 » Il n’est sans doute pas sot de penser, comme vous l’avancez, que le succès de masse nous boude parce que nous sommes trop dispersés, reconnaît Ira . Nous l’avons toujours été. Parfois par la force des choses. Comme après le départ de musiciens, lorsque nous avons enregistré un album acoustique, Fakebook , après un disque rock, President Yo La Tengo , qui nous avait valu un début de reconnaissance. D’un autre côté, si nous nous étions montrés plus monolithiques, les auditeurs nous auraient peut-être déjà délaissés pour meilleurs que nous. »

Rire & chansons

Pas sûr. Les Américains ont toujours ce petit supplément d’âme, cette liberté de ton qui les distingue de la masse. Un constat qu’étaye le Freewheeling Yo La Tengo Tour passé par le Botanique en juin dernier. Son concept? Kaplan, Hubley et McNew y invitaient les spectateurs à leur poser des questions. Brisant la barrière entre l’artiste et son public.

 » Ce n’est pas que nous en avions marre des concerts traditionnels. Nous aurions tout simplement arrêtés de tourner. En fait, nous ne nous ennuyons jamais. Nous sortons un album tous les trois ans. Entre-temps, nous trouvons génial de tenter de nouvelles expériences et de nous distraire. D’enregistrer des covers et des musiques de films. Ca permet d’envisager la musique autrement. Tellement de choses nous intéressent. »

Ca peut échapper en écoutant ses disques. Le trio du New Jersey a toujours possédé un grand sens de l’humour. Il suffit de jeter un £il sur les titres de ses albums pour en avoir le c£ur net. They Shoot, We Score pour une compilation de ses bandes originales ( Junebug, Game 6, Shortbus, Old Joy). Yo La Tengo Murdering the classics pour un disque de reprises. Même ce Popular Songs ne manque pas d’autodérision. De toute façon, comme disait Emile de Girardin, la popularité est plus souvent un écueil qu’une récompense.

www.myspace.com/yolatengo

Yo La Tengo au Depot (Leuven), le 11/11.

Julien Broquet

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