Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

WOMAN’S WORLD – LE STREET ARTIST FRANÇAIS JR REND UN HOMMAGE INSPIRÉ AU COURAGE FÉMININ, DANS UN FILM RELAYANT SUPERBEMENT SON TRAVAIL D’HUMANISTE ENGAGÉ.

DE JR. 1 H 28, SORTIE: 0 9/03.Aller de par le monde, vers les lieux de violence, les lieux de misère, là où la vie est survie, où des femmes résistent et préparent l’avenir avec un courage que nombre d’hommes n’ont pas. Des lieux que les médias ne montrent que pour en illustrer le pire, créant une sorte de tourisme morbide où telle favela brésilienne, tel bidonville africain deviennent perversement une attraction de la foire aux horreurs. C’est là que JR, le street artist français qui plus d’une fois défia la chronique, est allé créer son projet Women Are Heroes. Un appareil photographique et une caméra pour compagnons de route, il a regardé, questionné, shooté, filmé des héroïnes du quotidien. Brésiliennes, Indiennes, Cambodgiennes ou Kényanes, ces femmes confrontées à la brutalité du meurtre, de la pauvreté extrême, de l’expropriation, des traditions oppressantes aussi, ont vu leurs visages imprimés sur des toiles géantes s’inscrire littéralement dans le paysage qu’elles habitent, le paysage où elles luttent. JR emmenant ensuite une petite équipe de tournage filmer cette rencontre du portrait et des murs, des toits et même (dans une scène d’une beauté à couper le souffle) des trains… JR avait fait aux femmes participant au projet la promesse solennelle de raconter leur histoire partout dans le monde. Son film remplit cet engagement, et il le fait de magnifique façon.

Beauté solidaire

Sa volonté de  » dévoiler une réalité qui se dissimule derrière la quête du sensationnel » (que mènent trop de médias) s’incarne pleinement dans un documentaire aussi riche intérieurement qu’émouvant dans les images qu’il nous offre. Pas une seule trace de misérabilisme dans Women Are Heroes. Aucun relent, non plus, de condescendance. Et pas la moindre trace de cet esprit poseur, égotiste, qui anime certains plasticiens conceptuels se servant de la détresse du Tiers-Monde pour s’autocélébrer. Même si ses portraits sont tirés à des dimensions énormes et placés dans le paysage sous les directives de l’artiste, ce n’est pas lui qu’ils célèbrent, mais bien celles qui en sont les sujets. Et avec humour, souvent. La Semaine de la Critique du dernier Festival de Cannes avait retenu le film dans sa sélection qu’on sait très pointue. Cette £uvre très singulière, mais en même temps éminemment abordable par le plus large public, est empreinte d’une dignité que JR et les femmes du film partagent. Dans des contextes très différents, bien sûr. Mais avec une force et une beauté profondes que le spectateur ne peut que ressentir intensément. l

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LOUIS DANVERS

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