Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

TRèS CHERS PETITS – Sujet souvent édulcoré par les médias, l’ enfance rime trop souvent avec complaisance. Une exposition tente d’en livrer toute la complexité.

A la Galerie des Filles du Calvaire, 20 boulevard Barthélémy, à 1000 Bruxelles. Du 23/05 au 19/07.

S’il est un sujet qui véhicule les clichés à la pelle, c’est bien celui de l’enfance. Entre la photographie humaniste et le photojournalisme, le petit d’homme apparaît soit comme un poulbot à la pupille tremblotante, soit comme un être sacrifié qui suscite la pitié. Pour Christine Ollier, directrice artistique de la Galerie des Filles du Calvaire à Paris et commissaire de l’exposition bruxelloise, il y a là une manipulation insupportable.  » Une certaine vision de l’enfance domine les médias actuellement, elle est réductrice et bassement commerciale. L’enfance possède également un aspect mystérieux, pulsionnel et cauchemardesque qu’il n’y a pas lieu d’occulter. » Pour projeter un peu de lumière au c£ur de ces ténèbres, Christine Ollier a monté une exposition thématique sur cette matière. Elle a rassemblé le travail d’une dizaine de photographes et de vidéastes contemporains, surtout des femmes, d’origines diverses. Europe, Japon, Afrique du Sud… pour des signatures telles que Elke Boon, Julia Fullerton-Batten, Alessandra Sanguinetti ou encore Ellen Kooi.

BABY JANE

En toile de fond de l’événement, un livre – et surtout son adaptation cinématographique signée Robert Aldrich – d’Henry Farrell: What Ever Hap- pened to Baby Jane? Soit l’histoire de deux adolescentes, Jane et Blanche Hudson, qui connaîtront l’une après l’autre la reconnaissance et l’oubli. Tout comme le livre, le film s’apparente à une sorte de cauchemar gothique en noir et blanc dans lequel se mêlent humiliation et vengeance. Le tout pour évoquer les premières années de la vie où souvent se joue un combat sans pitié pour gagner l’amour exclusif des parents. Une lutte qui ne manque pas de déboucher sur des passages à l’acte parfois terrifiants. Le ton est résolument donné pour une approche différente du thème de l’enfance. L’insouciance n’est plus à l’ordre du jour, particulièrement quand on voit la vidéo de Maria Marshall. When I grow up, I want to be a cooker, présente un jeune garçon tirant sur une cigarette. Petit à petit, la fumée envahit l’écran jusqu’à l’obstruer. Alors que le mouvement se répète en boucle, le malaise est palpable et le spectateur peine à respirer. Idem pour son Don’t let the T-Rex get the children où une caméra pointée sur les yeux d’un enfant opère un lent zoom arrière dévoilant un petit corps enserré dans une camisole de force, agenouillé dans une boîte capitonnée. Qui osera encore dire que l’enfance est le plus bel âge de la vie?

u www.fillesducalvaire.com

MICHEL VERLINDEN

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