Week-end à New York

Comme ils en ont pris l’habitude, les Essinger se retrouvent à Manhattan sous un ciel grincheux à la veille de l’US Open. Paul, le sportif de la famille, va tenter de se qualifier pour le tableau final, sans doute pour la dernière fois puisqu’il a bien l’intention de raccrocher sa raquette après le tournoi, scellant ainsi une carrière honorable mais dans l’ombre des Nadal et Federer. Les heures défilent, élastiques, rythmées par les balades et les repas où se fait entendre le cliquetis des doutes, espoirs déçus et frustrations des parents et des trois enfants aujourd’hui adultes. Entre les gouttes et les gratte-ciels se joue une partie indécise délimitée par la peur de l’après, du vide, de l’absence, de la vieillesse. Les échanges s’enchaînent sur un faux rythme, anodins en apparence mais révélant dans les interstices la complexité des relations intrafamiliales sur le mode « je t’aime moi non plus ». Foulant le terrain pourtant rabâché de la littérature américaine, la famille, Benjamin Markovits tire son épingle du jeu en imitant le joueur de fond de court qui sait se montrer patient. On verrait bien Noah Baumbach monter au filet pour adapter à l’écran cette comédie mélancolique.

Par Benjamin Markovits, éditions Christian Bourgois, traduit de l’anglais (États-Unis) par Laurence Kiefé, 400 pages.

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