Voulez-vous jouer?

© mima museum

le MIMA propose un parcours ludique et immersif rythmé par cinq expériences signées Elzo Durt, Hell’O, Escif, Felipe Pantone et Gogolplex. Drôle et jouissif.

Tout au long de 2018, le MIMA a creusé un sillon clair et rectiligne, celui de la désobéissance civile et de ses fondements humanistes. 2019 sera quant à elle l’année d’une nouvelle programmation au cours de laquelle le Millenium Iconoclast Museum of Art de Molenbeek s’est résolu à interroger la raison.  » Nous allons questionner ce cerveau qui crée de l’homogénéité là où il n’y en a pas toujours« , explique le co-curateur Raphaël Cruyt, qui s’est replongé dans les écrits du psychologue et économiste Daniel Kahneman pour l’occasion. Il poursuit:  » Contrairement à une idée reçue, la pensée dite « intuitive » serait responsable de 90% des actions conscientes ou non. L’homme est donc nettement moins en « maîtrise » qu’il n’y paraît. Au coeur de son système, il y a la mémoire associative qui construit constamment une interprétation cohérente de ce qui se passe dans le monde, car nous avons besoin d’en réduire la complexité pour qu’il soit compréhensible. Cette synthèse créative est la source de nombreuses illusions de cohérence et de sens.  » À ce petit jeu, Dream Box n’y va pas avec le dos de la cuillère. Passer au travers des différentes sections revient à s’offrir une immersion ludique qui emmène du vertige au rire, en faisant un détour par la contemplation telle qu’elle s’affiche sur les mandalas tibétains.

Exploration du monde

Le fil rouge qui traverse le projet est d’avoir sorti les différents intervenants de leur zone de confort. C’est flagrant avec Elzo Durt dont la  » boîte psychédélique » ouvre le bal. Au premier coup d’oeil, on reconnaît l’inimitable patte du graphiste bruxellois à qui l’on doit quelques pochettes mythiques de la scène alternative (La Femme, Le Prince Harry, Magnetix…). Durt, dont la souris est le pinceau de référence, a imaginé des motifs qui ont été peints aux murs par Marc De Meyer (rappelez-vous, la fresque murale du célèbre DNA à Bruxelles… c’était lui). À l’intérieur? Des arrière-fonds optiques qui mettent le regard et l’estomac à mal. On avance en flottant. Une seconde surprise attend le visiteur derrière un rideau. La nouvelle section déroute davantage par le biais d’un couloir de glaces, aux contours forains, savamment perturbé par un éclairage signé par les designers d’ACTLD. L’expérience vaut le détour: jamais l’univers d’Elzo Durt ne s’était dressé de telle façon. À l’étage, Hell’O prolonge le goût du trompe-l’oeil à travers un décor partagé entre explosion chromatique et monochrome. Antoine Detaillle et Jérôme Meynen semblent avoir procédé à une tentative d’épuisement du relief et de la forme. Le tout pour un genre de fééerie coincée entre la Villa des Mystères et une galerie de tableaux de la Renaissance. Tout aussi enthousiasmantes sont les interventions des deux Espagnols Escif et Felipe Pantone. Le premier est l’auteur d’un étonnant dispositif interactif sonore (imaginé avec le Belge Manu Louis) explorant la problématique du coltan, le minerai qui entre dans la composition des portables, tandis que son compatriote signe un mobile géant à partir de CD-rom détournés. Enfin, il ne faut pas manquer l’hilarante aventure participative calibrée par Gogolplex. Celle-ci est une parodie irrésistible du monde absurde et pathétique de l’entreprise. Ce qui n’est pas sans rappeler le Message à caractère informatif de Nicolas Charlet et Bruno Lavaine.

Dream Box

Exposition collective, MIMA Museum, 39-41 quai du Hainaut, à 1080 Bruxelles. Jusqu’au 01/09.

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www.mimamuseum.eu

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