Avec le retour de Madness, la musique festive des années 80 confirme son influence persistante sur le nouveau millénaire. Preuves par cinq…

Madness (1976-…)

Alors que le punk-new wave bat son plein, ces kangourous londoniens ramènent un ska revival, succédant au mouvement du même nom des années 60. Madness impressionne d’emblée par une chorégraphie scénique démantibulée et des chansons qui puisent autant dans le rythme jamaïcain d’origine que dans la théâtralité cockney. Le vaudeville accouche de multiples tubes crossover: One Step Beyond, Our House, House Of Fun ou le mélancolique My Girl. Le groupe, qui mettra un peu de temps à se débarrasser de son public facho/skinhead, splitte en 1986, pour se reformer six ans plus tard.

Madness est en concert le 15/12 à Forest-National.

Héritiers: Ska-P groupe du genre formé à Madrid en 1994 mais avec des idées politiques plus anars que celles de Madness. The Busters et toute une série de formations allemandes, dans un genre cuivré au rythme soutenu. Le courant américain est également vivace avec des groupes tels que Mighty Mighty Bosstones ou The Toasters.

Mano Negra (1987-1994)

Issu de la scène punk-alternative parisienne, Mano Negra fait d’emblée grande impression en concert où l’influence de Clash semble prépondérante mais pas exclusive. Le chanteur, pas très grand mais charismatique, un certain Manu Chao, est fils de journaliste galicien et amène toute son énergie et son bagage latin dans la bataille. Celle-ci est partagée, entre autres, par son frère Tonio (trompette) et son cousin Santi (batterie), croisant des idéaux militants avec une certaine bohême rock qui se trimballe de l’Afrique du Nord aux Caraïbes et en Amérique latine.

Héritiers: Manu Chao, le chanteur de la Mano replonge la formule de son ex-groupe dans l’approche altermondialiste et la métisse encore davantage de sonorités hispaniques, avec le considérable succès mondial que l’on sait. Amadou & Mariam, le couple de Bamako produit par Chao, adopte le temps de l’album Dimanche à Bamako ses manières de comptines susurrées. Amparanoia naît à Madrid en 1995 suite à la rencontre de la chanteuse Amparo Sanchez et de Manu Chao qui joue sur El poder de machin sorti en 1997.

Les Négresses Vertes (1987-…)

Avec ses ritournelles parigotes trempées d’accordéon, ce groupe à la taille d’armée mexicaine – dix musiciens et choristes en scène – booste le rock français de la fin des années 1980. En disque, la gouaille hexagonale démange des hymnes noyautés d’influences méditerranéennes, cabaret et punk. A lui tout seul, le chanteur Helno fait le show. Cet ancien des Béruriers Noirs met sa carrure de bouteille de Coca-Cola au service de chansons à boire, qui semblent inventer le funk du Canal de l’Ourcq: Voilà l’été, C’est pas la mer à boire ou l’increvable Zobi la mouche, toutes trois extraites d’un premier album vicieusement festif ( Mlah sorti en 1988). En 1993, après deux disques qui étendent la réputation des Négresses à l’international, Helno a la mauvaise idée d’overdoser, laissant à ses comparses orphelins un destin moins coquin.

Héritiers: Tarace Bulba, Montreuil sous moi (…) et La Serpent sont les enfants directs des Négresses, formations engendrées par ses anciens musiciens, sans avoir beaucoup d’écho jusqu’à présent. Les Ogres de Barback: cette fratrie qui reprend aussi Mano Negra et se délecte d’hymnes tziganes, remplit d’aise un accordéon borgne dans une tradition qui passe par Fréhel et Les Négresses. Zebda: les Toulousains ont décroché un méga-tube avec Tomber la chemise (1999) et viennent d’annoncer leur reformation. Dans leur bouillabaisse trempent des croûtons chanson redevables à Helno et sa bande… Les Hurlements d’Léo, Têtes raides et Debout sur le zinc sont dans le voisinage vert.

Kid Creole & The Coconuts (1975-…)

Dans le New York encore décadent de la toute fin des années 70, August Darnell et sa compagnie créole fringuée façon années 40, déclenchent un épiphénomène rétro-pop exotique. Soutenu par le trio glamour des Coconuts, Darnell & C° triturent un grand mix de disco, salsa, jazz big band et autres variétés caraïbes. Cette trépidante machine à danser réalise une paire d’albums productifs, noyautés de hits au caractère chocolaté: Stool Pigeon, Annie I’m Not Your Daddy et I’m A Wonderful Thing Baby, irrésistibles poils à gratter du dance-floor. L’effet mode flambe particulièrement en Europe, le Kid y devenant une star éphémère avant que sa popularité ne retombe nettement avec la fin des années 80.

Héritiers: tout le disco-mutant des eighties, celui du label new-yorkais ZE et ses étoiles filantes comme Cristina, redevenu aujourd’hui à la mode underground . Sans oublier son contemporain Prince qui empruntera plus d’une fois l’exhibition big band/costards croisés du Kid. Et écrira pour lui The Sex Of It en 1990.

George Clinton (1955-…)

Le dernier parrain funk a commencé dans le woo wop, poursuivant sa carrière comme auteur maison chez Motown. Mais ce sont ses deux créatures funk, Parliament et Funkadelic, qui lui ouvrent les portes de la gloire. Clinton transforme ses influences puisées aux sources de la great black music – Sly Stone et Jimi Hendrix – en un énorme show débridé à coups de riffs mortels, de cuivres en chaleur et de slogans kinky, le tout dans une mise en scène qui cuisine le look glam à la mode afro-américaine mais d’une façon cosmique. Dans les années 70/80, Clinton et ses troupes virent au classique funky au même titre que James Brown.

Héritiers: Red Hot Chili Peppers embauchent George pour leur album Freaky Styley sorti en 1985. Sa musique a été samplée par des générations de rappeurs, parmi lesquels Dr Dre, Outkast, Killah Priest, sans oublier le Wu Tang Clan. Les chansons tordues d’ Erykah Badu doivent beaucoup à papa George qui a aussi impressionné la scène techno de Detroit.

Texte Philippe Cornet

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