Dans le genre écorché vif, Vincent Rottiers se pose un peu là. Impeccable en ado écartelé dans Je suis heureux que ma mère soit vivante de Claude Miller, on l’a vu incarner aussi, avec un même bonheur, les petits voyous pour Xavier Giannoli ( A l’origine) ou Léa Fehner ( Qu’un seul tienne et les autres suivront). On se retrouverait catalogué à moins; L’hiver dernier, où il campe un jeune fermier s’attachant à sa terre au-delà de toute raison peut-être, apporte une variation bienvenue dans la partition de l’acteur -ce dont il convient d’ailleurs volontiers: « Il est plus posé, c’est un gars calme, qui fait ses trucs. Il y a des petits moments où on va voir qu’il est un peu au taquet, mais par rapport à tous les autres, c’est un mec plus mature. »

A bientôt 25 ans, Rottiers n’a plus rien du débutant, il est vrai. Voilà bientôt 10 ans qu’il est dans le métier, puisque ses débuts remontent à 2002, dans Les Diables de Christophe Ruggia. « J’avais fait un peu de théâtre au collège, se souvient-il, et une de mes copines a décroché un rôle dans un téléfilm. Comme elle, j’ai pris un agent. J’ai fait des castings sans succès pendant un an, avant d’être repéré pour Les Diables. »L’expérience lui laisse un sentiment partagé: 63 jours de tournage, à brasser des émotions fortes, le néo-comédien en sort vidé, jurant qu’on ne l’y reprendra plus. 18 mois plus tard, le virus du jeu est le plus fort, qui le voit réemprunter le chemin des plateaux de cinéma. Depuis, sa carrière suit une progression sans à-coups: « Chaque film apporte un petit truc, relève-t-il: Les Diables a déclenché le reste, Mon ange m’a permis de faire pas mal de promo, Le Passager m’a valu une nomination aux César, A l’origine m’a permis d’aller à Cannes, et pour Je suis heureux , j’ai eu mon affiche partout dans Paris pour la première fois » -un bonheur qu’il goûte avec plaisir, mais sans en faire tout un plat pour autant.

Pour ce natif d’Evry, L’hiver dernier, avec son tournage en Aveyron, a, de toute évidence, ouvert de nouveaux horizons: « Depuis que je suis ici, j’ai remarqué que Paris ne me manquait pas du tout. Ici, il n’y a pas d’immeubles, presque pas de voitures, c’est la nature, et du coup, on se rend compte qu’à Paris, ce n’est pas la belle vie, la vraie vie, elle est ici. Après, moi, je fais juste un rôle, donc j’apprécie. Mais à vie, tous les jours, je ne sais pas si j’arriverais à tenir. Il faut être passionné, ou alors ne pas avoir le choix. »

Passionné, on ne doute pas qu’il le soit, à quoi il ajoute une présence instinctive palpable. L’interroge-t-on sur d’éventuels modèles qu’il cite d’abord DiCaprio, avant d’évoquer des « acteurs à l’ancienne », façon Ventura et Patrick Dewaere, ce qui fait on ne peut plus sens, lorsqu’on le voit évoluer face à Anaïs Demoustier. Au rang des projets, il avance un téléfilm avec Laurent Herbiet; quant aux envies, il en confesse une, un peu floue: « un gros truc américain, où ça tire partout, une espèce de gros film d’action, juste pour essayer. Mais je ne sais pas si j’en serais capable. » Voire: comme le remarque John Shank, le réalisateur de L’hiver dernier, « la caméra l’aime déjà… »

J.F. PL.

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