Victor Hugo, ennemi d’État

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Certes, le Victor Hugo incarné par Yannick Choirat a des accents qui le rapprochent plus d’un docker de Gennevilliers que de l’idée que l’on se fait d’un des plus grands auteurs modernes. Mais la minisérie consacrée aux années qui ont vu l’auteur de Notre-Dame de Paris devenir celui des Misérables redessine un personnage plausible, avec ses turpitudes personnelles et politiques. Elle explique le contexte confus entre la révolution de 1848 et la création du Second Empire en 1851, ses personnages-clés (Lamartine, Thiers, Blanqui…), ses enjeux (laïcité, démocratie, misère endémique). Hugo, auteur populaire, député et fondateur du journal L’Essentiel, y est passé de royaliste conservateur à ardent républicain en observant le monde prolétaire sombrer et la haute bourgeoisie rogner les principes démocratiques. Sa mue en auteur engagé dans une France qui veut prendre le train de la révolution industrielle et laisse la misère grouiller dans les grandes villes va lui valoir d’être proscrit par un Louis-Napoléon Bonaparte macronien, de préparer un long exil et son chef-d’oeuvre littéraire. Les allers-retours du scénario entre la scène politique passionnante et une vie intime dissolue le font passer de brillant orateur en homme incapable de gérer ses pulsions, jonglant entre les maîtresses, Juliette Drouet et Léonie d’Aunet (Isabelle Carré et Erika Sainte, dans un très grand jour), imposant une aura castratrice à ses fils et dénigrant sa fille Adèle. Ce récit de la chute avant le réveil du génie, malgré des longueurs dramatiques, est une réussite.

Minisérie créée par Iris Bucher, Sophie Hiet et Jean-Marc Moutout. Avec Yannick Choirat, Isabelle Carré, Lorenzo Lefebvre.

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