ENTRE ROME ET LE CINÉMA, C’EST DEPUIS TOUJOURS L’AMOUR FOU! LA PREUVE À… BRUXELLES, AVEC L’HEURE D’ÉTÉ.

Si New York et Paris figurent en tête des villes les plus filmées dans le cinéma de fiction, Rome fait plus que compléter le podium de la cinéphilie urbaine. La capitale italienne offre aux caméras la tentation d’un voyage dans la géographie mais aussi dans le temps, son passé antique augmentant sans conteste son attrait pour un 7e art épris d’émotions fortes. Du plus réaliste au plus fantasmé, les nombreux regards composant la filmographie romaine tracent un portrait ô combien multiple d’une cité par ailleurs marquée à fleur de murs et de pavés par toutes les strates de sa longue et formidable histoire. Si Paris s’est gagné le surnom de Ville Lumière, Rome porte légitimement celui de Ville Eternelle. Le festival bruxellois L’Heure d’étéconsacre un beau programme, décliné entre projections en salle (Galeries) et en plein air (Bruxelles-les-Bains) aux amours entre Rome et les cinéastes.

Beau comme l’antique

A lui seul, le film antique et sa version populaire le « péplum » ont pris Rome pour cadre plusieurs dizaines de fois. Et ce dès l’époque du cinéma « muet », avec une floraison de grands spectacles dont le premier sommet est logiquement italien (le Quo Vadis? de Guazzoni en 1912), comme le sera la nouvelle vague du genre dans les années 50 et 60 (avec les super-héros Maciste, Hercule et autre Goliath). Mais c’est Hollywood qui aura le plus d’impact avec les somptueux Ben-Hur de 1925 (Fred Niblo) et de 1959 (William Wyler), avec aussi ces bijoux que sont Spartacus (1960, Stanley Kubrick) et -malgré son insuccès- The Fall Of The Roman Empire (Anthony Mann, 1964). Ce dernier film influençant celui qui, un quart de siècle plus tard, allait ressusciter le genre et le porter vers une popularité nouvelle: Gladiator de Ridley Scott. Un spectacle séduisant, repris (avec le Ben-Hur de Wyler) dans une programmation de L’Heure d’étéoù abondent par ailleurs les oeuvres majeures.

Amour d’une ville, ville d’amour

On pourra notamment voir ou revoir plusieurs films du génial cinéaste italien (natif de… Rimini) qui sut si bien célébrer Rome qu’il put se permettre d’accoler son nom à celui de la ville et d’en faire un titre porteur! La Dolce Vita, Intervista et donc Fellini Roma expriment la passion critique d’un artiste chantant la ville et ses beautés, mais épinglant aussi ses dérives tantôt religieuses (le défilé de mode ecclésiastique de Roma), tantôt snobinardes (cette « douceur de vivre » propre à une jet set secouant son ennui par l’alcool, le luxe et la luxure). Fellini nous fait parcourir la cité en voiture décapotable (La Dolce Vita) et à moto (Roma), quelques décennies avant que Nanni Moretti nous la fasse redécouvrir sur sa Vespa. Un mode de locomotion déjà utilisé en 1953 par le couple Gregory Peck-Audrey Hepburn dans ce classique… hollywoodien qu’est Roman Holiday. S’aimer dans la Ville Eternelle, même d’un amour impossible, est un bonheur des plus cinégéniques. Woody Allen s’en est souvenu au moment de signer To Rome With Love voici deux ans à peine.

Visages contrastés

Mais Rome a bien d’autres visages. A commencer par celui de la ville résistante, filmée sans fard et en mode néo-réaliste par Roberto Rossellini dans Rome, ville ouverte en 1945. Ou celui de la capitale du catholicisme avec en son coeur l’Etat souverain qu’est le Vatican, et où Nanni Moretti -encore lui-!- situe son réjouissant Habemus Papam (2011). Ou aussi celui des terrains vagues où évolue une jeunesse misérable dans le sublime Accatone (1961) de Pier Paolo Pasolini, et celui de bidonvilles où Ettore Scola plante le décor de sa tragicomédie Affreux, sales et méchants (1976). Ou encore celui d’une solitude existentielle admirablement cadrée par Michelangelo Antonioni dans L’Eclipse (1962), tourné avec Alain Delon et Monica Vitti dans le quartier fasciste de l’EUR. La topographie urbaine étant au coeur du très fascinant The Belly of An Architect (1987) de Peter Greenaway, où figure en bonne place le bâtiment le plus extraordinaire de Rome après le Colisée, le Panthéon. Comment oublier par ailleurs le périple bouleversant du Voleur de bicyclette (1948) où un chômeur auquel on a volé son vélo voit s’évanouir ses espoirs de travail, sous les yeux de son jeune fils? Ou cette identification poignante d’une mère de famille à la ville qu’opère -avec la grande Anna Magnani- Pasolini dans Mamma Roma en 1962?

Il faudrait encore citer la vision (littéralement) tranchante et mystérieuse du maître du « giallo » Dario Argento dans L’Oiseau au plumage de cristal (1970), et celle terriblement grinçante de Vittorio De Sica dans Il Boom (1963) avec le formidable Alberto Sordi. Ou encore l’élégance d’Anthony Minghella caressant des lieux mythiques (comme la Piazza di Spagna et ses escaliers) dans The Talented Mister Ripley (1999). Les dernières images marquantes de Rome étant dues à Paolo Sorrentino, dans Il Divo (2008) et un La Grande Bellezza (2013) où passe l’ombre inévitable de Fellini…

PROGRAMMATION L’HEURE D’ÉTÉ EN VERSION « OUTDOOR » À BRUXELLES-LES-BAINS ET « INDOOR » AU CINÉMA GALERIES (26, GALERIES DE LA REINE, 1000 BRUXELLES), DU 04/07 AU 10/08. WWW.GALERIES.BE

PLUSIEURS VISITES GUIDÉES THÉMATIQUES SONT PROPOSÉES AUX TOURISTES VISITANT ROME ET AYANT ENVIE DE RETROUVER DES LIEUX MARQUANTS DE FILMS MONDIALEMENT CONNUS, DE LA DOLCE VITA À VACANCES ROMAINES. LE MÉTRO MÈNE PAR AILLEURS DIRECTEMENT À CINECITTÀ, LE GRAND STUDIO DE LA BANLIEUE ROMAINE. INFORMATIONS SUR LA POSSIBILITÉ DE LE VISITER SUR LA PAGE: HTTP://WWW.CINECITTASIMOSTRA.IT/F

TEXTE Louis Danvers

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