Après trois ans de rénovation, le Forum des images, à Paris, a rouvert ses portes, entièrement repensé. Tour du propriétaire.

Période faste pour les tenants de la mémoire de l’image. Quelques semaines avant le Musée du cinéma, à Bruxelles ( dossier la semaine prochaine dans Focus), le Forum des images, à Paris, a rouvert ses portes au terme de trois ans de rénovation. C’est, à vrai dire, un espace entièrement relooké qu’ont retrouvé les habitués au c£ur des Halles, où il ouvre désormais la toute nouvelle rue du Cinéma, avec pour voisins la biblio-thèque François Truffaut et, bien sûr, l’UGC Ciné Cité et ses 3 millions de spectateurs annuels, qui en font le complexe le plus visité d’Europe.

 » Il s’agissait de faire du Forum un lieu de vie« , résume Laurence Herszberg, sa directrice, évoquant l’agencement des lieux dessiné par l’architecte Anouk Legendre, associée au concepteur lumière Georges Berne. De fait, dès le hall d’accueil s’impose une vision cumulant les notions de visibilité, mais aussi d’espace et de luminosité – à l’opposé de l’image traditionnelle de la salle obscure. Impression confortée au gré d’une déambulation qui conduit le visiteur de salles de projection (au nombre de cinq) en salle de consultation, avec passage par les foyers, Septième Bar, et autres sas auxquels une combinaison d’arrondis et de droites prête des contours élégamment futuristes.

Derrière cette (r)évolution physique, une réflexion sur le rôle même d’une institution comme le Forum, vingt ans après son inauguration, en 1988, en tant que mémoire audio-visuelle de la ville de Paris – mission qui lui a valu d’accumuler quelque 5 500 films à présent numérisés, parallèlement à quoi s’étoffait une activité de programmation.  » Nous avons intégré à notre réflexion l’émergence de pratiques individuel-les et participatives, poursuit Laurence Hersberg. Depuis Malraux, la pratique culturelle fonctionnait suivant un cycle, à savoir qu’on se rendait un jour précis, à heure dite dans un lieu culturel. Cette pratique arrive aujourd’hui à son terme. Il faut offrir aux visiteurs une alternative à ce qu’ils peuvent voir chez eux, et nourrir une proposition forte, dans un lieu qui ajoute aux fonctions d’accueil différents services.  »

Pari relevé

A cet effet, le Forum joue résolument la carte de l’accompagnement. Lors des séances, mais aussi au sein d’une Académie qui se veut université populaire du 7e art, et lieu de la parole autour du cinéma, qu’elle soit dispensée lors de cours, master class (inaugurées par James Gray), ateliers et autres stages. S’y ajoute un travail approfondi sur la transmission –  » afin de construire le public de demain« . Et un autre, enfin, sur la programmation, qui déborde largement son cadre parisien initial, pour embrasser le regard porté par le cinéma sur le monde. Le cycle de réouverture portait par exemple sur New York, et sont annoncés, pour les prochains mois, Désir et Vengeance!. A quoi s’ajoutent de nombreux rendez-vous (à l’occasion insolites, comme celui destiné aux jeunes parents accompagnés d’enfants de moins de dix mois, et dont la première séance proposait The Royal Tenenbaums de Wes Anderson).

L’enjeu?  » Continuer à montrer que le cinéma est une activité collective. L’expérience cinématographique est unique, et se partage dans une salle, avec un grand écran, suivant un temps qui est celui du cinéma. Il faut adapter sa proposition afin que l’offre soit suffisamment attractive pour attirer le public hors de chez lui.  » Pari joliment relevé…

www.forumdesimages.fr

Texte Jean-François Pluijgers, à Paris

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