Kabuli Kid révèle d’émouvante façon le talent pour la fiction réaliste d’un artiste ayantfait son nom dans l’expérimentation visuelle et dans la musique.

Il a été exposé au Centre Pompidou et a écrit une chanson pour Mathieu Chedid (alias M), il a inventé le « phytomorphisme » (établissant des ressemblances entre humains et végétaux), signé des documentaires captivants, et a poussé très loin l’expérimentation esthétique dans ses « vidéotos ». Réfugié de son Afghanistan natal en France à l’âge de 15 ans, il a choisi Kaboul pour y filmer son premier long métrage de fiction, un Kabuli Kid dont le réalisme prenant contraste avec les essais volontiers dadaïstes qui le précédèrent.

Le héros du film est un chauffeur de taxi découvrant sur la banquette arrière de son véhicule le bébé qu’une cliente masquée par une burqa vient d’abandonner. Khaled va se donner pour mission de retrouver la mère de l’enfant, mais dans le chaos de la grande ville, et au milieu des femmes voilées de la tête aux pieds, la tâche ne sera pas facile… Superbement joué par Hadji Gul, Kabuli Kid touche juste et fort, sans recourir aux manipulations sentimentales mais avec une vérité prenante qui évoque tout à la fois l’héritage du néo-réalisme italien et l’influence du meilleur cinéma iranien récent. L’intellectuel Akram, diplômé tout à la fois de la FEMIS, des Beaux-Arts et d’Arts Décos (!) y exprime une sensibilité ouverte, sereine et intense à la fois, chroniquant la quête du taximan afghan sans jamais lui imposer quelque agenda idéologique.

 » Je n’aurais pas pu faire ce film sans avoir précédemment tourné mes documentaires sur Kaboul (dès 2002), sans avoir noté toutes les remarques – souvent métaphoriques – que me faisaient les chauffeurs de taxi de là-bas, explique le cinéaste , car tout ce travail a cristallisé ce qui est pour moi non seulement L’enfant de Kaboul mais aussi « l’enfance de Kaboul », la renaissance de l’Afghanistan si vous voulez, même si ce dernier mot est pachtoune et qu’à Kaboul toutes les ethnies vivent ensemble et chacun se définit d’abord comme Kabouli. »

Barmak Akram cite en tête de ses influences celle d’Abbas Kiarostami, qu’il connut durant ses études à la FEMIS, et dont il partagea la salle de montage à Téhéran durant une semaine en 1996.  » Il était en train de monter Le Goût de la cerise , qui allait remporter la Palme d’Or à Cannes l’année suivante, se souvient le réalisateur de Kabuli Kid , c’est assurément lui qui m’a enseigné le cinéma du réel, le vrai, celui qui inscrit la fiction au c£ur de la réalité. » Un enseignement dont il a su, d’évidence, tirer le meilleur parti.

Kabuli Kid (L’Enfant de Kaboul), drame

De Barmak Akram. Avec Hadji Gul, Valery Schatz, Amélie Glenn. 1 h 37. Sortie: 29/07.

http://enfantdekaboul.lesitedufilm.com

L.D.

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