Un simple enquêteur

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Le Maigret israélien est las. Marqué par sa précédente enquête (Les Doutes d’Avraham, paru au Seuil, à l’instar des deux précédents), Avraham Avraham rêve d’autre chose que de ses enquêtes domestiques dont il ne voit plus l’utilité, mais qu’il est bien obligé de mener en simple enquêteur qu’il est -“J’ai l’impression de ne mener que des combats sans importance et surtout sans vainqueurs. Dans lesquels il n’y a que des perdants”. Les perdants du jour sont au nombre de deux: il y a d’abord ce nouveau-né découvert dans un sac en plastique près d’un hôpital, puis le cadavre d’un touriste retrouvé noyé sur une plage de TelAviv -et pour lequel tout indique une implication du Mossad. Deux faits divers apparemment sans lien qui l’amèneront jusqu’à Paris, entre devoirs, espoir d’une grande enquête internationale et cas de conscience. Dror Mishani, maître des lettres noires israéliennes, offre avec cette dernière enquête en date de son “simple enquêteur” une plongée profonde, aigre-douce et pleine de spiritualité dans les sous-couches de la société israélienne. Une investigation menée à la fois par un auteur redoutable qui ne lâche jamais le fil rouge et ténu de son récit (flic de rue, est-ce bien utile?) et par un flic atypique en quête de sens, porté sur la contemplation, l’introspection et le calme avant les grosses tempêtes.

De Dror Mishani, éditions Gallimard/Série Noire, traduit de l’hébreu par Laurence Sendrowicz, 352 pages.

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