À l’occasion des 30 ans de son rejeton Lucien, Frank Margerin, en sélection à Angoulême, revient pour nous sur ses sources d’inspiration et sa famille de crayons.

Dubout

 » Mon grand-père m’avait offert l’un de ses livres d’illustrations, avec de grosses dames et de petits maris, des scènes de foules et d’embouteillages. Gamin, j’ai beaucoup copié Dubout. Le souci du petit détail me vient de lui: un pansement sur le nez d’un personnage, la roue de vélo pliée en huit, la verrue et son poireau sur le pif d’une passante… »

Uderzo, Morris, Goscinny

 » Graphiquement, les deux premiers m’ont scotché. Et j’adore l’humour de Goscinny. De temps en temps, je fais de petits clins d’£il, dans mes albums, aux personnages que j’aime: Astérix, Tintin ou Titeuf. Sinon, j’ai une grande admiration pour un autre oncle, plus jeune: Gotlib, en souvenir de mon adolescence et de mes années potaches. Lui aussi a été marqué par l’air du temps. »

Crumb

 » Ma s£ur s’est installée à San Francisco vers 1969 et m’a envoyé les premiers Zap Comix. J’ai pris une grande claque avec Crumb. Quel sacré personnage! Il associe deux choses que j’aime: le côté rétro, un lettrage très classique, très soigné, et cet aspect underground, délirant, presque intemporel.  »

Maïa Mazaurette

 » C’est la fille d’un copain d’école. Elle a écrit des romans et des essais coquins (La Revanche du clitoris) et le scénario de Garce Attack! dans la série Péchés mignons (dessiné par Arthur de Pains). Le graphisme est moderne, travaillé à l’ordinateur, mais elle dit des choses olé-olé, qui tournent autour du cul, sans vulgarité. Et ça me plaît bien. »

Hergé

 » A chacun de mes anniversaires d’enfant, ou bien quand j’étais malade, on m’offrait un album de Tintin. Je les connais tous par c£ur, je n’ai même pas besoin de les relire. Hergé a contribué à ma passion de la bande dessinée. C’est un maître. La rigueur de son trait, sa sobriété, sa fluidité… Franquin est aussi une de mes références majeures. »

Vuillemin

 » Dans ma famille BD-rock, il y a Tramber, Jano, Dodo, Ben Radis et Vuillemin, ce petit génie qui se sous-estime complètement. L’image trash et destroy ne lui correspond pas du tout. Les années 1980 ont été une grande époque: on avait formé, un peu par hasard, les Dennis Twist, un groupe de rock, avec Vuillemin, Doco, Sire, Denis. Tu dis que tu l’M a été un tube et, pendant un an, on a vécu des moments très rigolos dans le star system. »

Dupuy et Berberian, Zep

 » Dupuy, Berberian et moi avons un peu la même façon de voir le monde, avec tendresse et humour, et de parler de notre vécu; eux via les bobos, moi via les petits loubards de banlieue. Mon autre frangin, c’est Zep. J’aime sa façon de traiter la BD et de se projeter dans Titeuf. Il y a une élégance dans son trait, une qualité que je n’ai peut-être pas: je suis plus épars. »

Lucien. Toujours la banane. Éditions Fluide Glacial.

Exposition Lucien au Festival d’Angoulême.

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