Typhoon

Sorti au début des années 60, Typhoon, le troisième long métrage de Pan Lei, détonnait dans la production taïwanaise de l’époque. Inscrite dans le décor des monts Alishan, l’histoire gravite autour d’un couple, un météorologiste accaparé par ses expériences sur des rats, et sa femme, trompant sa solitude et son ennui dans l’alcool. Un morne quotidien que va venir bousculer l’arrivée d’un inconnu accompagné d’une fillette, l’homme, Mr. Zhang, entreprenant aussitôt de séduire l’épouse délaissée qui ignore qu’il est un gangster en cavale… Si un typhon menace, c’est plus encore le tourbillon des sentiments qui va bientôt agiter cet endroit isolé du monde, la nature agissant comme puissant révélateur pour ces personnages bord-cadre que l’on pourrait croire surgis d’un film noir, Pan Lei filmant leurs évolutions avec sensualité. La tension sexuelle infuse du reste ce drame qui s’offre quelques lignes de fuite surprenantes -ainsi de l’irruption impromptue d’un groupe de jeunes entreprenant de faire danser la compagnie-, et le film, au noir et blanc élégant, se révèle aussi étonnant qu’inspiré. Spécialiste du cinéma taïwanais, Wafa Ghermani rappelle dans les suppléments combien Typhoon s’écartait des standards de l’époque:  » À Taïwan, malgré la censure, la propagande, un climat politique totalement étouffant, certains réalisateurs ont réussi à se faire entendre de manière discrète mais en même temps très persistante« , souligne-t-elle. Pan Lei fut de ceux-là, ce film, admirablement exécuté, constituant une irrésistible invitation à découvrir plus avant sa filmographie.

De Pan Lei. Avec Mu Hong, Chin Shih, Tang Ching. 1962. 1 h 53. Éd: Carlotta.

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