Épisodes dans le désordre, génériques coupés… Comment et pourquoi TF1 massacre ses feuilletons télé?

TF1 a toujours eu le chic pour saloper les séries TV. Au début des années 90, c’était avant tout en tant que partenaire privilégié d’AB Productions, coupable d’Hélène et de ses garçons, du miel et de ses abeilles. Aujourd’hui, alors que les Américains se foulent pour apporter un peu de profondeur à leurs fictions et personnages, la première chaîne française foire les feuilletons jusque dans ses méthodes de diffusion.

Esprits criminels. Un lundi soir comme tant d’autres. Le premier épisode touche à sa fin. Depuis un quart d’heure, on attend les crédits pour découvrir qui interprète l’un des terribles morceaux qui a accompagné l’intrigue. Hollywood a le chic, ces derniers temps, pour rythmer les aventures de ses héros avec du rock indépendant. Le problème, c’est que le générique n’arrivera jamais. On râle. On peste. On se fâche. On se dit qu’on ira le lendemain matin sur Internet. Puis que TF1 a gagné une ou deux minutes de recettes publicitaires. On pense qu’on se consolera avec le deuxième épisode. Qu’on s’énerve pour rien. Qu’on n’est jamais content. Et que ça nous aurait gonflés neuf fois sur dix de devoir se coltiner le générique en entier.

La chaîne privée enchaîne. Sans pub. Il ne sert à rien de se réjouir trop vite. De peur qu’on décroche, elle l’a décalée de 5 ou 10 minutes. Flash-back. On retrouve l’agent spécial Gideon (prononcez Guaydonne) qui a récemment disparu de l’équipe.  » Euh. Non. Rien à voir« , entend-on s’élever d’une voix à moitié endormie sortant des profondeurs du canapé. « C ‘est la saison 3. Avant c’était la 4. A TF1, ils diffusent toujours les feuilletons dans le désordre. » En voilà, une idée qu’elle est bonne. Puis, ça explique les personnages qui meurent et ressuscitent, divorcent et se remarient. Deviennent aveugles et retrouvent la vue. Pour peu, on croirait que l’un porte une moumoute et l’autre s’est fait poser une prothèse. Evidemment, la chaîne tente de se dédouaner.

Rediffusion

Tous les épisodes ne reçoivent pas les mêmes recommandations du Conseil supérieur de l’Audiovisuel. Or TF1 s’est engagée à ne diffuser aucun programme déconseillé aux moins de 12 ans avant 22 heures. Une décision qui l’empêcherait régulièrement de présenter les épisodes dans l’ordre. Mouai. Le premier Esprits criminels commence à 22 h 30 (heure minimale prévue pour les £uvres déconseillées aux moins de 16 ans). Et en prime, faut toujours compter un bon gros quart d’heure de retard. D’ailleurs, quand la chaîne diffuse un troisième épisode, il consiste la plupart du temps en une bonne vieille rediffusion. Pourquoi? Parce que ces usines à fric ne tiennent pas à griller trop vite tout leur stock de nouveautés. Comme CBS aux Etats-Unis, TF1, sur l’autel de la rentabilité, a sacrifié le cinéma en prime time de son antenne (seul reste le film du mardi). Elle exploite sur le même principe le filon du feuilleton. Prenant au passage le téléspectateur pour un con…

LA CHRONIQUE DE julien broquet

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