Trois crimes

 » Une femme tue une femme / c’est rare ». Le début de Trois crimes est peut-être moins vrai dans les textes d’Amélie Lucas-Gary. Dans un court chapitre de l’épatant Grotte (avant les remarqués Vierge et Hic), réédité l’an passé aux éditions Vanloo, une femme disparaissait. Une autre était tenue pour responsable, voire coupable du meurtre de la première. Il était aussi déjà question, comme ici, d’un film qui finirait par ne pas se faire. Sur le site de l’éditeur, il est dit que l’autrice produit « une écriture d’avant la naissance » -on n’était pas sûr d’avoir bien saisi. « Il y a quelques mois, Julien m’a envoyé des rushs pour écrire la voix off d’un film à venir. Finalement il a choisi d’autres images et on a fait un livre. » C’est ainsi qu’Amélie Lucas-Gary présentait Trois crimes sur son compte Instagram. On comprend mieux maintenant: ces quelques vers libres apparus avant cet hypothétique film nous projettent -c’est stupéfiant- dans une dimension parallèle, dans l’entre-deux de la création. Les photos de Julien (Carreyn, artiste visuel parisien) sont troublantes; les mots d’Amélie Lucas-Gary le sont tout autant. Trois femmes meurent sous nos yeux, alors, forcément, c’est violent. C’est fin et tranchant comme ce couteau qui « découpe » un sein. « C’est grec / balte / peut-être celte » –c’est beau comme un film qui peut-être ne se fera jamais.

D’Amélie Lucas-Gary et Julien Carreyn, éditions Vanloo, 50 pages.

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