Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Guitares en fusion, rythmiques pyrotechniques… Chaud devant: le groupe de stonerock flamand a rallumé ses haut-fourneaux.

Il est à peine 11 h, mais le trio ne chipote pas: on ouvre le champagne. Après tout, on est rock’n’roll ou on ne l’est pas. En l’occurrence, c’est le moteur premier de Triggerfinger. Entre Queen of the Stone Age, Black Sabbath et ZZ Top, les Belges ont réussi à baliser leur terrain de jeu. Sans avoir inventé la poudre, mais en sachant très bien comment l’allumer, à coups de guitares trois tonnes, de gros sons et de concerts brûlants. Il y a le bon (Ruben Block, voix, guitare, et rouflaquettes rockabilly), la brute (Mario Goossens, batterie) et le truand (Monsieur Paul, alias Paul Van Bruystegem, à la basse). Trois mercenaires, pas un de plus.  » Un quatrième? Impossible », répondent-ils en ch£ur. « Ceux qui nous ont vus en concert savent qu’on fait déjà assez de bruit comme ça », rigole Monsieur Paul, géant chauve à la voix profonde. « Il y a un vrai équilibre entre nous trois, insiste Ruben Block . Chaque pièce du puzzle est importante. Monsieur Paul, par exemple, est guitariste au départ. Du coup, quand il prend la basse, il en joue de manière atypique. Par moment, cela sonne presque comme une guitare rythmique. «  Sur scène, à la manière du Jimi Hendrix Experience, ils apparaissent de front, sur une seule ligne. Chacun connaît son rôle: le bassiste placide, le batteur TNT, et le chanteur menaçant. Avec la tenue de scène »réglementaire »: veston noir, pantalon noir, chemise noire, et cravate… blanche.  » Quand il nous manque un élément, on est mal », note Monsieur Paul.

ROCK DES CAVERNES

Les trois musiciens ne sont pas des débutants (Mario Goossens est passé par Hooverphonic, Monsieur Paul a accompagné notamment BJ Scott,…). Mais Triggerfinger est devenu depuis 7 ans leur projet principal, le vaisseau amiral de tous leurs fantasmes rock’n’roll. Vous savez, cette forme musicale du siècle dernier, qui combinait la vitesse, le bruit et la fureur. La fameuse « musique du diable » jouée pour attirer les filles. D’ailleurs, Mario Goossens l’affirme: aux concerts de Triggerfinger , « à côté du gamin avec son t-shirt Blink 182, accompagné volontiers par son père, il y a pas mal de filles! ».

La musique du trio se la joue pourtant rock des cavernes, riffs « burnés » et hurlements de loup en rut. Ruben Block, par exemple, à propos du morceau First Taste: « Je cherchais des paroles qui puissent faire idéalement le pont entre le couplet et le refrain. J’y ai passé un temps bête. Et puis finalement, j’ai juste poussé ce cri un peu dérangé, et c’était bon. Il ne fallait rien de plus. » Le titre figure sur le tout frais What Grabs Ya?, second album enregistré dans des conditions proches de la scène. « Trois prises maximum et tous dans la même pièce, continue Ruben Block. Quand l’un se trompait, il ne pouvait pas rejouer juste sa partie, on devait tous recommencer. A l’ancienne. » Le résultat est réussi, se rapprochant de l’énergie des concerts, là où le trio a toujours été le plus percutant. « La plupart des groupes de rock polissent leur son. Nous, c’est le contraire. Ce n’est peut-être pas très malin, commercialement parlant, mais on préfère avoir un son plus cru. Il faut que ça fasse mal aux oreilles. » Pardon?

What Grabs Ya? (V2) www.triggerfinger.net

LAURENT HOEBRECHTS

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