Toute une moitié du monde

© National

J’ai été un homme presque tout le temps de ma vie de lectrice.” Pour les lectrices du monde entier, à commencer par celle qui écrit ces lignes, ce n’est pas un paradoxe, mais bien une évidence. Faute d’entrer en relation avec des personnages qui leur ressemblent, les filles développent dès l’apprentissage de la lecture une capacité d’identification (d’empathie?) propre à les faire voyager au cœur de toutes les histoires. C’est à une promenade dans sa vie de lectrice que nous invite Alice Zeniter, une balade érudite gorgée d’humour, naviguant entre colère, frustration et joie. La colère de comprendre que son éducation littéraire s’est faite en majorité à travers des récits d’hommes. La frustration, devenue autrice, d’être cantonnée à certaines matières et manières, quand la figure de l’Écrivain (celle avec une majuscule qui ne se décline pas au féminin) semble se complaire dans une sur-performance de la virilité. Mais c’est aussi la joie de constater que de nouvelles voix s’élèvent, de femmes mais aussi d’autres voix minorisées, qui se ré-approprient leurs récits. “Affirmer qu’il manque à la fiction toute une moitié du monde, c’est lui dire aussi qu’il lui reste cette même moitié du monde dans laquelle s’égailler et ça me paraît le plus beau des programmes.

D’Alice Zeniter, éditions Flammarion, 240 pages.

8

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content