Torpedo 1972

Telle la reformation de Deep Purple dans les années 80 avec leurs crânes dégarnis et leurs ventres à bières, revoici Torpedo, célèbre gangster d’avant-guerre, sa gueule, son flingue et à présent sa tremblote. Comme le dit la prière d’insérer, s’il a pu arriver à un âge avancé, c’est qu’il a suivi scrupuleusement deux règles: se méfier de ses amis et enterrer ses ennemis. Flanqué de son fidèle Rascal, bedonnant et alcoolique, ils crèchent tous deux dans un appartement miteux du Bronx. Finis les costumes taillés sur mesure, les belles bagnoles et les petites pépés, l’argent durement gagné à jouer du flingue s’est envolé. En 1972, il ne remplit plus de missions mais fait plutôt des commissions, quand on lui en demande encore. Si notre tueur grabataire n’a plus beaucoup de moyens de subsistance, il sait profiter des opportunités que la vie lui offre, en vendant des informations foireuses à des journalistes crédules. Justement il aurait, d’après un scribouillard du Wall Street Journal, des renseignements sur le tueur de Piero Caputo, célèbre mafieux des années 30. Flairant l’occasion de remporter le Pulitzer, le journaleux n’hésite pas à mettre sa plantureuse petite amie, photographe à ses heures, à contribution. Mais il ne faut pas trop chercher « l’inoffensif » vieillard, car le petit oiseau pourrait bien sortir d’autre part que de l’appareil photo. Après 18 ans d’absence, le scénariste Abulí, accompagné cette fois-ci de Risso au dessin, ressuscite le plus acariâtre des gangsters. Si le principe d’avoir vieilli le personnage et de ne pas être resté dans le même graphisme que les albums précédents est plutôt une bonne idée, le scénario laisse un peu à désirer. Reste que les dialogues tuent autant que les flingues. Le nouveau tandem d’auteurs doit encore se chauffer pour atteindre, espérons-le, la vitesse de croisière.

Torpedo 1972

D’Enrique Sánchez AbulÍ et Eduardo Risso, éditions Vents d’Ouest, 64 pages.

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