Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Quai des brumes – Depuis leur reformation en 2008, les Tindersticks ont trouvé une nouvelle dynamique. Et sous le spleen, une nouvelle légèreté…

« Falling Down A Mountain »

Distribué par 4AD.

Aussi loin qu’on s’en souvienne, les Tindersticks ont toujours été un groupe exemplaire. Autant dans ses triom-phes que dans ses vacillements. Même en se séparant en 2003, les Anglais oubliaient de livrer un mauvais album, Waiting For The Moon devant servir de parfaite épitaphe à une discographie en forme de grande fresque mélancolique. Cinq ans plus tard, les Tindersticks se sont reformés. The Hungry Saw n’aurait pu être qu’une affaire d’opportunisme. Le disque démontrait au contraire un élan retrouvé, une dynamique relancée. Au point de voir le groupe enchaîner rapidement avec de nouveaux titres, enregistrés entre le Chien chanceux, du nom du studio du chanteur Stuart Staples, installé dans le Limousin, et l’antre de l’ICP à Bruxelles. Ce qui n’a pas changé pour les Tindersticks en 2010? Un même goût pour le clair-obscur, cet horizon musical que des gens comme Leonard Cohen ou Scott Walker ont largement contribué à définir. Avant tout, il y a ce respect infini pour la musique. Qui, oui, peut encore être quelque chose d’important. Confirmation de Stuart Staples: « Faire ceci est impossible sans s’y donner totalement…  » Pour autant, les Tindersticks n’ont peut-être jamais autant manié la légèreté. Même la voix de Staples, modèle de profondeur sépulcrale, se fait par moments moins solennelle. Y compris sur des tire-larmes romantiques comme Keep You Beautiful ou Factory Girls. Significatifs également une rêverie comme Piano Music ou un morceau comme Harmony Around My Table. « Le temps du repas occupe désormais une bonne partie de notre activité ensemble… Avant, quand tout le monde habitait Londres, on se retrouvait pour jouer et puis chacun repartait à la maison. Aujourd’hui, quand on se retrouve chez moi en France, on est toujours autour de la table. » C’est un peu le paradoxe actuel: le groupe a beau avoir une bonne dizaine de disques à son actif, il a retrouvé une spontanéité toute juvénile. Comme quand il laisse Terry Edwards improviser à la trompette sur Falling Down A Mountain, sans lui avoir fait écouter le morceau, uniquement en lui donnant la tonalité et les accords de base… « Après autant de temps, on est juste heureux de pouvoir encore s’impliquer et laisser la musique exister. Il y a eu un moment où c’était exactement l’inverse. Donc on en profite. »

u En concert, le 13/05, au Cirque Royal, Bruxelles.

Laurent Hoebrechts

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