Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

LE FILS CACHÉ DE LEONARD COHEN EST AUSSI LE FRANGIN DÉPRIMÉ DE DEVENDRA BANHART. LE BON IVER DE 2010. BEAU À PLEURER.

l vient de Brooklin. Pas la banlieue pour hipsters new-yorkais et gamins de l’indé plus ou moins friqués. Non. Brooklin avec un « i ». Un petit patelin canadien au milieu des forêts où on se les gèle sévère en hiver. Il, c’est Taylor Kirk. Nom de code: Timber Timbre. Un songwriter hanté, cachet de Focus faisant foi, à la voix chevrotante et au look de Moby des bois.

Vous avez peut-être entendu son Magic Arrow à la télé en regardant Caballo Sin Sombre, l’épisode de Breaking Bad où Walt est sur le point de se faire scalper à la hache. Son visage cependant doit encore vous être inconnu. Le capitaine Kirk est quelqu’un de discret. De secret même. Il a toujours joué la carte du mystère. Flou en photo. Rare sur scène. Si on ne vivait à l’ère d’Internet, du « tout public », on remettrait presque en question son existence.

Il y a 40 ans, quand les Aerovons sortaient de nulle part, on se montait une théorie du complot. Rêvait qu’il s’agisse d’enregistrements des Beatles… Avec Timber Timbre, on pourrait s’imaginer que Devendra Banhart essaie encore de se cacher derrière un nom bizarre et qu’il a retrouvé le feu sacré.  » Il y a déjà tant de personnalité dans la musique. Pourquoi y associer un visage, une vie, un homme? Avant de donner un concert, je demande toujours au mec des lumières qu’il rende la salle le plus sombre possible.  »

Film School

Pourtant, derrière Taylor Kirk, il y a une histoire. Celle d’un gamin qui apprend la trompette à l’école. Se fait offrir sa première guitare à 13 ans et dans la foulée un magnéto 4 pistes.  » J’ai joué dans des tas de groupes, touché à plein d’instruments quand j’étudiais à la Film School de Toronto. Je m’enregistre depuis longtemps. Je n’écrivais pas de chansons. Je ne chantais pas vraiment. J’étais fasciné par les musiques de films. Et en fait, je tournais quelque part des films pour pouvoir en composer les musiques.  »

Au sortir des études, esprit do it yourself, le garçon enregistre dans une maisonnette en bois deux albums de folk plus traditionnel. Deux disques, Cedar Shakes et Medicinals, tirés à quelques centaines d’exemplaires (aujourd’hui out of print) qu’il met en dépôt dans des magasins ou vend à l’occasion de ses concerts.  » Ma musique est plus visuelle que textuelle« , estime-t-il en concédant que son dernier album pourrait coller au Dead Man de Jarmusch.

Profondément marqué par Lightin’ Hopkins, Nina Simone, Neil Young, Lou Reed et Roy Orbinson, Timber Timbre, c’est moins Rires et Chansons que Pleurs et Pendaisons.  » J’ai essayé d’écrire des titres plus joyeux, de chanter des choses plus optimistes. Ce n’est définitivement pas mon truc. » Son truc à lui, c’est de composer en catimini la B.O. de notre hiver. Puis d’entamer son concert par un morceau possédé et poignant d’un quart d’heure quand il assure la première partie de Phosphorescent au Botanique. Sortez les mouchoirs.

TIMBER TIMBRE, CHEZ FULL TIME HOBBY. zzzz

AU GRAND MIX (TOURCOING) LE 22/11.

JULIEN BROQUET

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content