Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Retour de flamme – Onze ans après leur dernier album, The Verve, l’une des formations les plus emblématiques de la pop anglaise des années 90, se reforme et sort Forth.

« Forth »

Distribué par EMI.

Rarement trajectoire aura été aussi chaotique. Celle qu’a suivie jusqu’ici The Verve fut en effet tout sauf un long fleuve tranquille. Entre 1989, année de leur formation du côté de Wigan, Manchester, et 1999, celle de leur séparation, le groupe a enchaîné les galères. Il les a parfois cherchées: la drogue a longtemps fait partie du mode de fonctionnement interne. Cela n’a pas aidé à la stabilité du quartet, qui a dû jouer avec les départs brutaux et les retours tout aussi soudains. Quand en 1997, The Verve couple enfin la reconnaissance critique à un succès public, c’est avec le titre Bitter Sweet Symphony, tiré de leur troisième album Urban Hymns. Problème: le morceau emprunte un peu trop largement les cordes à The Last Time, morceau des Stones daté de 1965. The Verve se voit obligé de céder tous ses droits. Commentaire de son chanteur, Richard Ashcroft:  » C’est la meilleure chanson qu’aient écrite Jagger et Richards depuis 20 ans« … Le single suivant, The Drugs Don’t Work, à mettre cette fois-ci au seul crédit du groupe, cartonnera heureusement tout autant. Cela n’empêchera pourtant pas The Verve de splitter en 1999.

COME-BACK AVEC PANACHE

Jusqu’à ce retour officiel aux affaires. Il y a eu des efforts solos entre-temps, mais le seul marquant, et à moitié convaincant seulement, fut celui d’Ashcroft. Il était donc peut-être temps de relancer la machine. Ce fut le cas dès l’an dernier, avec une série de concerts. Cette reformation est aujourd’hui sanctionnée par le curieux Love Is Noise, premier single de l’album intitulé Forth. Et non pas Fourth, qui aurait signalé le quatrième opus de leur discographie: cela aurait été trop simple. Or, pour son come-back, The Verve n’a pas vraiment choisi la facilité. Sur Forth, soit en avant, seul un morceau, Valium Skies, n’atteint pas les 5 minutes: c’est d’ailleurs peut-être celui qui se rapproche le plus des canons de Urban Hymns, (avec Rather Be, autre réussite du disque). Tous les autres font durer le plaisir, la moitié des chansons dépassant même les 6 minutes trente. Noise Epic, par exemple, épanche ses tendances bruitistes sur plus de huit minutes, avec plus ou moins de bonheur.

Un peu comme si The Verve replongeait dans ses racines, quand il donnait à sa pop des accents psy-chédéliques (et épiques) plus prononcés. Une sorte de retour aux sources pour un groupe qui a dû se retrouver des raisons d’exister? La démarche ne manque en tout cas pas de panache. Forth est-il réussi pour autant? La plupart du temps, oui, il faut bien l’avouer. Certes, par moments, l’un des grands atouts du groupe, la voix d’Ashcroft, se laisse aller à l’une ou l’autre facilité. Certains plans aussi tombent à plat: entre la confiance et l’arrogance, il n’y a souvent qu’un pas. La basse groovy d’un morceau comme Columbo, par exemple, n’est pas toujours là pour sauver de l’embarras des titres comme Noise Epic ou Appalachian Springs. Soit. Après tout, le lyrisme est un exercice compliqué, un fil ténu sur lequel l’équilibre n’est jamais facile à trouver. On saluera d’autant plus le retour des funambules…

www.myspace.com/theverve

Laurent Hoebrechts

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