Boston blues. Ben Affleck adapte Le prince des braqueurs de Chuck Hogan, et signe un polar fluide et efficace, auquel Boston donne une tonalité blafarde…

De et avec Ben Affleck. Avec Rebecca Hall, Jeremy Renner, Pete Postlethwaite. 2 h 05. Sortie : 29/09.

Après Denis Lehane pour Gone Baby Gone, c’est à un nouvel auteur de Boston que Ben Affleck emprunte la trame de son second long métrage, The Town, adapté de The Prince of Thieves de Chuck Hogan. L’intrigue s’en inscrit dans le quartier de Charlestown, banlieue ayant, paraît-il, produit un nombre record de braqueurs de banque. C’est là justement l’occupation privilégiée sinon exclusive de Doug MacRay (Affleck lui-même) qui, flanqué de 3 partenaires, est passé maître dans l’exécution de casses nets et sans bavures -le genre à garder les mains propres en toutes circonstances. Les choses basculent toutefois lorsque, à l’issue d’un énième cambriolage, Jem (Jeremy Renner), la tête brûlée du quatuor, décide de prendre brièvement en otage Claire Keesey (Rebecca Hall), la directrice de l’agence bancaire. Ce qui n’était jusque-là qu’un business rondement mené entre amis change aussitôt d’âme…

Sorti il y a 3 ans, Gone Baby Gone révélait l’évident potentiel de réalisateur de Ben Affleck. The Town fait mieux que confirmer ces dispositions, film de casse dans la grande tradition du genre, auquel le raccroche d’ailleurs une mise en scène aussi sobre qu’élégante -sans remonter à Fleischer ou Kubrick, on songe à Mamet, mais encore à Heat de Michael Mann-; à hauteur d’un scénario sans esbroufe mais d’une appréciable solidité.

Polar neurasthénique

A ces qualités, l’auteur ajoute un talent avéré pour poser une atmosphère: s’il n’a pas la densité funèbre de son prédécesseur, qui devait beaucoup sans doute à Denis Lehane (romancier ayant également écrit Mystic River, adapté d’insurpassable manière par Clint Eastwood), The Town n’en est pas moins un modèle de polar neurasthénique, auquel Boston, filmée dans la pâleur de ses jours ensoleillés, vient donner la tonalité blafarde qui sied à une histoire semblant devoir inexorablement se refermer sur ses protagonistes.

On souscrirait sans réserve à ce polar fluide et efficace, porté par un sens du tempo culminant dans des scènes d’action à la précision millimétrée, si le film ne confirmait malheureusement un autre enseignement de Gone Baby Gone, à savoir que Ben Affleck est bien plus à l’aise derrière que devant la caméra. Un constat d’autant plus criant que l’acteur occupe ici massivement l’écran, partagé avec un inégal bonheur par ses partenaires -si Rebecca Hall y apparaît justement frémissante, Jeremy Renner s’engouffre sans guère de nuances dans la brèche explosive ouverte par The Hurt Locker. Cette réserve mise à part, on ne boude pas son plaisir devant cet exercice de style à la mécanique redoutable, ultime razzia négociée sur un air de blues de Boston…

Jean-François Pluijgers

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