Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

MACHINES PUMPKINS – UNE DOUBLE RÉÉDITION XXL MONTRE COMMENT LE GROUPE DE CHICAGO A TRANSCENDÉ UN HÉRITAGE ALTERNATIVO-METAL VIA LA PERSONNALITÉ COMPOSITE DE CORGAN.

COFFRET 3 CD/DVD « GISH » *** COFFRET 3 CD/DVD « SIAMESE DREAM » ****

DISTRIBUÉ PAR EMI.

« A l’époque (fin 1990/ début 1991, ndlr) , j’avais l’habitude de faire des albums pour des labels indie avec un budget de 3 ou 4 jours. Avoir le luxe de passer des heures sur l’accordage d’une guitare ou l’ajustement du son de la batterie (…), je planais complètement. » Butch Vig deviendra riche et célèbre en produisant le Nevermind de Nirvana, qui sort 4 mois après Gish, le premier album de The Smashing Pumpkins enregistré en 30 jours dans le Wisconsin. Un disque inaugural qui croise le plomb fondu de ce que l’on nomme alors alternative rock et des ponctuations orchestrales visant la pompe Queen ou ELO. C’est l’amplitude sonore qui gifle dès I Am One, réaction-fission absorbant l’héritage metal et des vagissements de psychédélisme malléable. Avec une sûreté d’exécution maximale: plus tard, on apprendra que Billy Corgan, maestro suprême du quatuor, a lui-même joué la plupart des parties de basse et de guitare, laissant dans l’ombre D’Arcy Wretzky et James Iha. Il en fera d’ailleurs une dépression nerveuse, signe d’une porosité aux événements qui entre pour beaucoup dans la vulnérabilité distinguée des Smashing. Cela se traduit, dès Gish, par des (semi-)ballades filandreuses qui, soudain, explosent de tension animale ( Rhinoceros), la guitare se mettant en surround alors que la batterie confirme l’exceptionnel don d’enclumeur de Jimmy Chamberlin. Un CD de raretés -démos, prises acoustiques ou sessions John Peel- jouxte un 3e disque, DVD de 50 minutes filmé live en août 1990 au club Metro de Chicago: l’image crapuleuse permet néanmoins de voir la chevelure préraphaélite de Corgan lâcher un sourire fugitif. Un événement.

Psy-show

A nouveau co-produit par Vig et Corgan, Siamese Dream, paru en juillet 1993, est le jumeau aîné de Gish, négociant toujours entre la détonation primale et des entrelacs de spleen la vision musicale de Billy C. Justement, Corgan s’était dépêtré de son nervous breakdown via une thérapie prolongée: il en fera des chansons, traitant de son passé troublé -un demi-frère neurologiquement déficient, une belle-mère abusive- et de ses insécurités latentes, renforcées par l’addiction de Chamberlin et des tensions avec Iha et Wretzky… L’album n’en est que plus dense et habité, dans le bien nommé et splendide Soma ou lors de Geek U.S.A. , moment le plus confessionnel de toute la carrière de Corgan qui y lâche la phrase  » I never liked me anyway« . Les bonus sont là aussi, un CD d’excédents sonores rares et un DVD Live au Metro, à l’été 1993. Vendu à 6 millions d’exemplaires, Siamese Dream fera définitivement quitter les rives underground aux SP pour les emmener au chef-d’oeuvre Mellon Collie And The Infinite Sadness. Rééditions à suivre donc. l

PHILIPPE CORNET

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