Myriam Leroy
Myriam Leroy Journaliste, chroniqueuse, écrivain

ELOGE DU CRADE – Vic Mackey revient. Et avec lui, les gangs, les crimes, les vendettas. Le quotidien de la brigade de choc de Farmington, L.A.

Une série FX, créée par Shawn Ryan. Avec Michael Chiklis, Forest Whitaker, Franka Potente… 10 épisodes, sur 3 DVD.

Le premier épisode de cette sixième saison commence au cimetière. Johnny Cash chante I hung my head, sur des images de douleur. Vic Mackey et ses équipiers de la brigade de choc de Farmington pleurent la mort de Curtis Lemansky. Un flic, un pote. Et Vic, il aime pas qu’on touche à ses potes. Il a peu de principes, mais celui-là, il l’a chevillé au c£ur. Il vaut mieux ne pas l’avoir dans le collimateur, cet Al Capone avec un badge. Quand il est fâché, il bave, il cogne comme un animal, et il ne lâche pas l’os qu’il ronge.

L’inspecteur Mackey veut venger son ami. Ce qu’il ignore, c’est que le mal vient de l’intérieur, et que le meurtrier de Lem n’est pas la petite frappe qu’il traque, mais son meilleur ami, Shane Vendrell.

L’homme est un loup pour l’homme, en particulier au bercail (du nom de ce commissariat décrépi, qui prend place, Ô ironie, dans une ancienne église). Alors que Vic organise ses expéditions punitives, le lieutenant de la police des polices Jon Kavanaugh (interprété par un Forest Whitaker redoutable derrière ses esquisses de sourires) tente de le faire tomber, et fabrique des preuves pour le faire accuser de l’assassinat de Lem.

çA COLLE AUX DOIGTS

Voilà pour les prémices de cette avant-dernière saison en dix épisodes.

A côté de cette histoire, il y a toutes les autres, les petites, qui émaillent le quotidien de la police de ce quartier mal famé de Los Angeles. Les braquages, les trafics, les viols. Les deals avec les gangs locaux, histoire de conserver l’équilibre des forces, et accessoirement de se remplir les poches. Et puis The Shield, ce sont aussi ces relations de boulot, entre promotions canapé et popotes internes, ces misères affectives et sexuelles, et surtout cette saleté qui colle au fric, aux doigts, aux murs.

Sales cons, sales gueules ( The Shield est une des seules séries américaines dont les protagonistes ont des tronches, des vraies), sales histoires. Les images sont brutes, parfois floues – jamais de long plans fixes, et des mises au point dans un style qui se veut amateur -, toujours nerveuses.

Quand la Strike Team descend sur le terrain, la caméra se place à hauteur d’homme, sur l’épaule, et donne le mal de mer. L’esthétique du feuilleton qui révolutionne le genre policier mise résolument sur le crotté, le crasseux, le poisseux. Et parfois, dans ce grand dépotoir, une fleur pousse sur les ordures: on y sent de la solidarité, de l’amitié, parfois un peu d’amour. Un peu. Après cinq saisons, The Shield est toujours une claque. Une très grande série.

fxnetworks.com/shows/originals/the-shield/

MYRIAM LEROY

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