LES GAGS DE LA MARINE – EMMENÉ PAR UNE BANDE DE PIRATES À LA MANQUE, UN FILM D’ANIMATION TECHNIQUEMENT SOUFFLANT, BAIGNÉ D’HUMOUR BRITISH ET RELEVÉ D’UN SOUPÇON D’IMPERTINENCE.

DE PETER LORD. AVEC LES VOIX DE HUGH GRANT, IMELDA STAUNTON, SALMA HAYEK. 1 H 29. DIST: SONY.

Cinquième long métrage de l’histoire de la maison Aardman, bastion bristolien popularisé par les aventures de Wallace & Gromit, ce Pirates! Bons à rien, Mauvais en tout en est aussi assurément le plus ambitieux -à défaut d’en être le meilleur, le génial Chicken Run semblant à cet égard devoir faire figure d’indétrônable. Si la pâte à modeler constitue à présent un ingrédient mineur dans la composition, toujours plus complexe, des personnages, le film renoue avec bonheur avec l’animation en stop motion (image par image) qui a fait les belles heures des studios, agrémentée de quelques touches numériques -la mer, par exemple- dopées à l’humour so british.

Emmené par une bande son punk-rock résolument électrisante (The Clash, The Beat, Tenpole Tudor…), The Pirates! lance une bande d’écumeurs de mer losers et béotiens dans  » l’aventure la plus éducative » qu’ils aient jamais vécue. Soit la tentative plus ou moins désespérée du bien nommé Capitaine Pirate de remporter le prestigieux prix du Pirate de l’Année. Et le triste sire, amateur de jambon, de se coltiner pour ce faire une galerie de compagnons plus à l’ouest les uns que les autres: équipage branque, scientifique manipulateur, animaux insolites… Au gré de péripéties qui les verront affronter mille dangers, à commencer par celui incarné par la reine d’Angleterre, pas du genre commode.

Regorgeant de trouvailles visuelles et d’idées amusantes (comme ces cartes de navigation animées, pas loin de rappeler les délires de Terry Gilliam chez les Monty Python), le film démarre sur les chapeaux de roue avant de connaître une sensible baisse de régime (un épisode londonien un poil mollasson) puis de redresser le cap le temps d’un final effréné sur lequel souffle un vent gentiment irrévérencieux.

Ode à la vie

En bonus, un passionnant making of, From Stop to Motion, revient étape par étape sur la somme de travail, proprement titanesque, requise par un long métrage animé de cette envergure: adaptation, écriture, esquisse des personnages, storyboard, conception des marionnettes, des décors et des accessoires, enregistrement des voix, animation proprement dite, son, musique… Un inventaire précis qui permet notamment de prendre la mesure du nombre affolant de références et autres clins d’£il disséminés dans le film -et, partant, du sens du détail sidérant dont peut se piquer la team Aardman.

Le mot de la fin, il revient logiquement à Peter Lord, réalisateur du film et figure de proue originelle des studios britons:  » Cette aventure ambitieuse, je voulais qu’elle soit une célébration du cinéma lui-même, de ce geste qui consiste à faire des films, en même temps qu’un éloge de la vie et du plaisir. » Mission accomplie.

NICOLAS CLÉMENT

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